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- Lutte ouvrière n°1914
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Dans les entreprises
Air France - Orly, accident mortel en piste : Pour cacher sa responsabilité, la direction veut licencier un travailleur
Le 29 mars, aux actualités du soir de France 3, les téléspectateurs ont pu voir un intéressant reportage. En fait, il s'agissait d'une vidéo réalisée par le CHSCT (comité hygiène, sécurité et conditions de travail) d'Air France à l'aérogare d'Orly-Ouest. Elle démontrait clairement comment le manque de personnel et de matériel adéquat avait empêché d'assurer la sécurité lors de l'accident du 1erfévrier, où une hôtesse d'Air France avait perdu la vie en tombant d'une passerelle d'accès aux avions. Cette vidéo montrait donc pourquoi on ne pouvait en rendre responsable l'agent de piste que la direction incrimine.
Pourtant, ce même 29 mars, la direction d'Air France avait convoqué un conseil de discipline pour y faire entériner le licenciement de ce travailleur. Bien sûr, elle n'y a pas projeté ce reportage-vidéo, ni auditionné un commandant de bord et un «pétrolier» (travailleur chargé de ravitailler les avions en kérosène), témoins du drame, qui auraient pu réduire à rien la version patronale. Non, la direction n'a retenu que l'unique témoignage qui pouvait l'arranger et, malgré le refus unanime des représentants du personnel siégeant au conseil de discipline, elle a maintenu sa demande de licenciement.
Depuis le drame du 1er février, la direction de la compagnie et tout particulièrement son PDG n'ont eu de cesse de désigner comme responsable notre camarade de piste, que ce soit au travers de la presse de l'entreprise ou dans les grands médias, avec la complaisance d'une partie d'entre eux. L'empressement et l'acharnement de la direction d'Air France n'ont pourtant pu cacher sa responsabilité dans ce tragique accident. Car c'est elle qui diminue les effectifs des personnels autour des avions et c'est elle encore qui met à leur disposition du matériel en mauvais état.
Cette parodie de justice n'est évidemment pas faite pour surprendre les travailleurs, qui savent bien qu'en fait de justice, il règne dans les entreprises un arbitraire patronal quasi absolu. Mais la menace de priver de son emploi un d'entre nous n'en est que plus scandaleuse quand le patron l'a d'abord choisi comme bouc émissaire et paravent de ses propres économies criminelles. La direction semble décidée à aller jusqu'au bout, mais les travailleurs n'ont peut-être pas dit leur dernier mot.