Salaires de la Fonction publique : Tout pour amuser les syndicats et mettre en rogne les salariés31/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1913.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Salaires de la Fonction publique : Tout pour amuser les syndicats et mettre en rogne les salariés

Pour le troisième épisode des négociations à répétition sur les salaires des travailleurs du public, le ministre de la Fonction publique a convoqué les sept fédérations syndicales de fonctionnaires, mardi 29 mars, pour leur faire part de ses dernières propositions en matière d'augmentation des salaires.

Après avoir annoncé en décembre dernier un coup de pouce symbolique de 0,5% pour février 2005 suivi de 0,5% de plus en novembre, ce qui n'aurait guère fait que 0,54% sur l'année, Renaud Dutreil condescend à accorder quelques dixièmes de points supplémentaires pour 2005.

Cette fois, il s'agira donc, en plus de ces 0,54% sur l'année, de 0,5% au 1er juillet et 0,3% au 1ernovembre. Le ministre ajoute donc 0,30% de plus en moyenne sur l'année 2005. Pour un salarié qui gagne 1000 euros par mois, les deux augmentations concédées par Dutreil rapporteront un peu plus de 8euros par mois.

Pour faire un peu plus d'esbrouffe, l'annonce rappelle la prime, déjà dans l'air au cabinet ministériel depuis décembre, qui viendrait compenser -exceptionnellement!- les salaires des fonctionnaires arrivés au sommet de leur grade depuis au moins trois ans: dans ce tout petit oeuf de Pâques, ceux-ci trouveront 1,2% de leur salaire annuel, soit entre 130 et 230euros. Cela concernerait au plus 260000 agents. Un autre coup de pouce, une fusion des échelons les plus bas de la grille salariale, serait également destiné à limiter les salaires inférieurs au smic, chez les travailleurs titulaires, en tout cas. Les travailleurs concernés pourraient, selon les cas, prétendre à une augmentation mensuelle de 57 à 4 euros.

Certains responsables syndicaux, calculant comme le ministre une augmentation totale de 1,8%, s'estimeront sans doute satisfaits et argueront d'un "rattrapage de l'inflation". C'est aussi le point de vue du ministre, qui se félicitait déjà lors de la dernière rencontre d'un "climat apaisé et constructif" avec les syndicats. Il entend au demeurant profiter, selon ses dires, de ces "contacts renoués" pour aborder les sujets qui l'intéressent: les effectifs et la mobilité des travailleurs de l'État. On sait ce que cela signifie pour lui: réduction des effectifs et malléabilité accrue du personnel.

Rien de tout cela n'approche un rattrapage tant soit peu véritable du pouvoir d'achat, puisque le manque à gagner de celui-ci depuis cinq ans par rapport à l'indice des prix à la consommation s'élève, selon les calculs du ministère de l'Emploi, à 5%. C'était d'ailleurs le montant annoncé par les syndicats lors de la rencontre de décembre avec le ministre pour expliquer leur refus de signer un accord. De son côté, le ministre s'était lamenté que ce rattrapage lui coûterait 10milliards d'euros.

La manifestation du 10mars qui a mobilisé des centaines de milliers de travailleurs, dont une bonne partie du secteur public, a démontré que le mécontentement sur les salaires comme sur les emplois est ample et profond. Les directions syndicales n'ont pas signé mais elles avaient fait connaître, avant même ce 29 mars, la modestie de leurs exigences et leur disponibilité à la négociation. Le ministre a saisi la balle au bond.

Celle-ci est à nouveau dans le camp des travailleurs, du public comme du privé, que ce petit jeu autour du tapis vert risque par ailleurs de ne pas faire rire. Les manifestations de janvier, février et mars ont témoigné de leur mécontentement. Il faudra de nouvelles mobilisations pour battre en brèche la morgue triomphante du gouvernement et l'avidité du Medef.

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