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Leur société
Nouvelle loi pour l'égalité salariale : Une société fondamentalement inégalitaire
Le gouvernement prépare une nouvelle loi pour l'égalité salariale entre hommes et femmes, encore une! La ministre de la Parité et de l'Égalité professionnelle, Nicole Ameline, donne suite à un engagement de Chirac qui, dans un discours de nouvel an, avait promis en étrennes aux femmes une loi "en vue de parvenir à l'égalité salariale dans un délai maximum de cinq ans".
C'est un fait que les salaires des femmes sont, en France, en moyenne inférieurs de 20% à ceux des hommes. La loi annoncée rappelle cette réalité. Mais elle vient après tant d'autres qui se fixaient aussi l'égalité pour but.
En 1983, à un moment où l'emploi et les salaires féminins s'étaient améliorés par rapport aux années 1960, la loi Roudy avait prétendu réaliser cette égalité en demandant que dans chaque entreprise un rapport annuel sur la situation respective des hommes et des femmes soit établi. En 1999, seize ans après son adoption, la moitié des entreprises négligeaient de faire ce rapport. Mais par contre, sans doute du fait du développement du chômage, les salaires féminins maintenaient leur retard.
En 2001, une loi proposée par une députée du PS, Catherine Génisson, prévoyait une sanction pénale si le rapport exigé par la loi Roudy n'était pas présenté et s'il n'y avait pas dans l'entreprise une négociation annuelle sur l'égalité des salaires. Cette seconde loi fut aussi peu efficace que la précédente, et il n'y eut aucune sanction.
À son tour, le projet de loi de Nicole Ameline envisage des sanctions. Pour que les accords salariaux négociés entre patrons et syndicats soient applicables, il faudra qu'une négociation concernant l'égalité salariale ait eu lieu.
Sera-t-elle plus efficace cette fois que les précédentes? On peut en douter. Si les salaires féminins restent inférieurs, cela reflète ce qui existe au niveau des moeurs de la société. Mais l'existence de cette différence s'appuie sur des arguties les plus diverses. La différence de compétence, qui renvoie aux choix imposés aux filles dès l'école, à l'absentéisme dû aux responsabilités familiales de la femme, qui renforce encore l'injustice de cette situation.
Les femmes salariées constituent 80% des 3,4 millions de salariés qui gagnent moins que le smic, 80% des 4 millions qui travaillent à temps partiel. On les confine dans des tâches moins qualifiées, dans des secteurs moins rémunérateurs.
La société capitaliste est par nature inégalitaire. L'inégalité fondamentale, entre exploiteurs et exploités, se conforte et se fortifie d'une multitude d'inégalités annexes, dont celle entre sexes dans les entreprises comme au foyer.
Les lois successives pèsent bien peu dans cette société qui entretient et développe l'inégalité et alors qu'il n'existe aucune réelle volonté politique de la combattre. Au contraire.