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Dans le monde
Vietnam : « L’agent orange » tue encore
De 1961 à 1971, lors de la guerre du Vietnam, l'armée américaine a déversé 49 millions de litres d'«agent orange» sur le pays. Ce défoliant, à base de dioxine, détruisait la végétation afin d'empêcher les combattants vietnamiens d'utiliser la couverture de la forêt vierge. En outre, il contribuait à les affamer ainsi que la population. La dioxine est un produit suffisamment toxique pour que l'Union européenne ait décidé, en 1998, de réduire ses émissions de 90% d'ici 2005 et pour que, en Belgique, des tonnes de poulets et des centaines de milliers d'oeufs soient retirés de la circulation, sur le soupçon d'en contenir.
Eh bien, c'est ce poison qui contamine toujours un dixième de la superficie du Vietnam et qui a aussi contaminé la population. Non seulement les personnes qui ont ingéré de la dioxine tombent malades mais, aujourd'hui encore, les naissances d'enfants malformés se comptent par milliers. Les fabricants de ce défoliant, dont les trusts Monsanto et Dow Chemical, n'en affirment pas moins avec assurance qu'il n'y a pas de lien direct entre l'épandage d'agent orange, les maladies et les malformations congénitales. En tout cas au Vietnam. Parce qu'au USA, pour éviter le procès, les fabricants ont préféré verser 180 millions de dollars pour indemniser les 68000 soldats touchés par l'agent orange.
Des victimes vietnamiennes ont porté l'affaire devant un tribunal américain. Le 11 mars, la plainte contre les fabricants a été rejetée à la demande du ministère de la Justice, comme venant d'anciens ennemis et pour ne pas créer un précédent (en effet la liste des victimes de l'impérialisme américains est longue...). De plus, la loi américaine interdit les procès contre le gouvernement pour des actes commis au cours des opérations militaires et met donc à l'abri ceux qui ont commandé ces bombardements toxiques. Que diable, les États-Unis sont un «État de droit»!