La Poste – Bouches-du-Rhône : Les facteurs font reculer la direction25/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1912.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste – Bouches-du-Rhône : Les facteurs font reculer la direction

Après trois semaines de grève, les facteurs des Bouches-du-Rhône ont fait reculer la direction qui a dû promettre l'embauche de CDD en CDI et la mise au rebut de certains de ses projets.

Déclenchée à Arles, la grève a fait reculer la direction. Puis elle a gagné peu à peu des bureaux dans de nombreuses autres villes du département et dans un bon nombre de bureaux de Marseille. Les grévistes s'opposaient à un projet de la direction qui, en prévision de la mécanisation de certains centres de tri, voulait créer «une brigade de tri spéciale» et de ce fait prolonger la tournée des facteurs qui n'auraient plus à consacrer du temps au tri avant de partir en tournée. Les tournées auraient été de plus six heures. Il n'y aurait plus eu de titulaire d'une tournée, ainsi les facteurs se seraient retrouvés avec des secteurs bien plus vastes et sur des tournées différentes.

Les grévistes s'opposaient à la prolongation des tournées; ils demandaient qu'il n'y ait pas de suppression d'emplois et l'embauche des nombreux CDD que La Poste emploie tout au long de l'année.

La direction a tenté de venir à bout de la grève en attaquant en justice les grévistes d'Arles pour blocage, mais elle a été déboutée et condamnée. Elle a envoyé des huissiers devant les piquets de grève, mis en place des centres de tri parallèles en faisant appel à des cadres, à des postiers d'autres départements et à 450 intérimaires. Elle a fait distribuer des petites liasses pour couvrir le plus d'espace possible et donner l'impression que le courrier était quand même distribué. Le résultat fut déplorable, dans le 14ème arrondissement de Marseille, par exemple, des liasses de courrier ont été retrouvées dans des poubelles. Enfin, elle affirmait que les problèmes posés ne pouvaient se résoudre qu'à l'échelle nationale; « les Bouches-du-Rhône ne seront pas une principauté », disait-elle.

Malgré toutes ses tentatives de faire croire que la grève était peu suivie il fallait bien admettre, à la fin du conflit, que 7 millions de plis étaient en souffrance.

Seulement, les facteurs étaient tout à fait déterminés. À Vitrolles, Marignane, Martigues, Aubagne, Marseille, etc., les grèves partaient sans préavis car le ras-le-bol était général.

À Marseille les facteurs de différents bureaux, des différents secteurs se sont retrouvés pour assurer les piquets et les prises de paroles dans un autre bureau que le leur. Cela a soudé les grévistes. Il y a eu des piquets mélangés et des manifestations importantes à la direction de La Poste. Elles ont réuni jusqu'à 900 facteurs du département qui en compte 2600. Beaucoup de jeunes et aussi d'anciens étaient là, aux piquets, dès 5h45, puis aux prises de parole dans les bureaux et ensuite dans les manifestations nombreuses. Les jours de grève étaient bien remplis.

Ce qui a marqué cette grève, c'est cette participation avec la volonté d'expliquer, de comprendre, de discuter fraternellement entre grévistes et non-grévistes, et avec les usagers.

Finalement, la direction craignant que, loin de s'arrêter, le mouvement ne s'étende, a reculé. Elle s'engage à transformer 140 emplois CDD en CDI, à alléger la charge journalière des facteurs, à maintenir 100 emplois là où elle prévoyait d'en supprimer 160 dans les services restructurés et dans les transports postaux. Il faudra une dizaine de jours pour que, à force d'heures supplémentaires, tout le courrier en souffrance soit distribué. La paie des jours de grève sera retenue à raison de deux jours par mois sauf deux dimanches et deux jours de négociations qui seront payés.

En donnant le courrier mardi 22 mars, les facteurs pouvaient dire avec fierté «ça va bien... et même très bien! »

Partager