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- Lutte ouvrière n°1910
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Dans les entreprises
Peugeot Citroën-Aulnay-sous-Bois (93) : - en grève pour une paie intégrale !
Plusieurs centaines d'ouvriers de l'usine d'assemblage Peugeot Citroën d'Aulnay-sous-Bois (qui emploie 3800 ouvriers) sont en grève depuis jeudi 3 mars.
C'est sur la question du paiement des jours de chômage partiel qu'a démarré la grève. En effet, au mois de mars, huit jours -choisis par la direction en fonction de ses impératifs de production- sont chômés. Au total, d'ici à la fin mai, vingt jours chômés sont ainsi prévus. La direction compte payer ces jours à seulement 60% du salaire brut. Cela représente une perte sèche, par ouvrier, de 443 à 592 euros sur trois mois, soit environ 170 à 250 euros pour le seul mois de mars. Les salaires sont déjà bas pour la région parisienne: pour des horaires d'équipe, 1200, 1300 euros pour les ouvriers ayant quelques années d'ancienneté, et moins encore pour les jeunes embauchés et les nombreux ouvriers des entreprises sous-traitantes. Autant dire qu'une baisse de salaire ne passe pas.
C'est précisément à l'issue d'une des petites réunions d'«information» sur les jours chômés, organisées par la direction, que, jeudi 3 mars, un groupe d'ouvriers a spontanément décidé de ne pas reprendre le travail. Les grévistes ont alors fait le tour du Montage et du Ferrage jusqu'à se retrouver à environ 250 ouvriers ce jour-là. Le lendemain était chômé, mais dès le lundi 7, la grève a repris de plus belle. Au total, 600 à 700 ouvriers ont alors fait grève, dans les trois équipes que compte l'usine (matin, après-midi, nuit). Mardi 8 mars, la grève continuait, pour le paiement à 100% des jours de chômage et le paiement des heures de grève.
Les grévistes défilent dans l'usine pour entraîner leurs camarades, malgré les pressions de la direction et des cadres. La maîtrise menace individuellement les ouvriers; elle en a appelé personnellement un certain nombre chez eux, après la grève du 3. Lundi 7, au petit matin, à la prise d'équipe, environ 150 cadres, rarement vus à cette heure-là, attendaient les grévistes, avant de les suivre ensuite à la trace lors des manifestations dans l'usine et des différentes assemblées générales. Quatre huissiers payés par le patron remplissent des tonnes de rapports
Il n'empêche: l'usine n'avait pas connu une telle grève depuis 1984 et l'essentiel des grévistes sont des jeunes dont c'est la première grève. En équipe de nuit, aucune voiture n'est sortie des chaînes. En journée, une des deux chaînes de montage était complètement arrêtée, et l'autre ne tournait que laborieusement, avec des intérimaires, des chefs et autres cadres, peu habitués au travail à la chaîne. Les voitures C2 et C3 sans pare-chocs, sans frein, aux câbles qui pendouillent, produites par ces messieurs, sont sérieusement à reprendre En tout cas, les grévistes en décommandent vivement l'achat aux clients de Citroën!
Par ailleurs, les caristes de l'entreprise sous-traitante GEFCO, qui chargent et transportent les voitures, sont maintenant tous en grève, eux aussi, pour les mêmes revendications.
Lundi 7 mars, la direction a fait signer un accord par le syndicat maison SIA (ex-CSL), flanqué pour l'occasion de la CFTC et de FO. Mais derrière une formulation différente, la direction ne lâche rien sur le fond. Au-delà de la question des jours chômés, nombre de grévistes expriment leur ras-le-bol sur les salaires et sur les cadences de travail. L'usine produit maintenant en quatre jours, avec moins d'ouvriers, le même nombre de voitures (6000) qu'en cinq jours en 1998. Le groupe PCA n'est pourtant pas à plaindre: en 2004, il a réalisé 1,35 milliard d'euros de profits, pour le plus grand bénéfice de son principal actionnaire, la famille Peugeot. Comme le disent les grévistes, «Citroën peut payer!»
Alors, que la direction décide de journées de chômage technique, c'est son affaire. Mais pour les ouvriers, la grève continue jusqu'à ce que ces jours chômés soient payés à 100%!