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Dans les entreprises
Aventis : D’abord la santé... des profits
Pour les actionnaires, la fusion des groupes pharmaceutiques Sanofi et Aventis a été un succès. La preuve: dès sa première année, le nouveau groupe bat des records de profits.
Le bénéfice net déclaré pour 2004 est de 5,24 milliards d'euros, 18% de plus que ceux réalisés en 2003 par les deux groupes. C'est le deuxième plus gros bénéfice d'un trust français, derrière les 9 milliards de Total, qui est par ailleurs un des principaux actionnaires de Sanofi-Aventis, tout comme L'Oréal de Mme Bettancourt, première fortune française.
Avec 5,24 milliards de profits pour un chiffre d'affaires de 25,41 milliards, le taux de profit est de plus de 20%. Pas étonnant que le prix de l'action ne cesse de monter depuis la fin de l'offre publique d'achat, le 30 juin 2004.
Au début de cette OPA, en février 2004, les dirigeants d'Aventis y étaient opposés. Ils ont même tenté de mobiliser contre elle les salariés et publié dans toute la presse des pleines pages de publicité expliquant que l'OPA de Sanofi serait mauvaise pour l'emploi. C'était d'autant plus culotté qu'eux-mêmes étaient en train de mener un plan de restructuration du secteur de la recherche, qui se traduisait par 700 suppressions de postes, des mutations imposées et la fermeture du Centre de recherche de Romainville, en Seine-Saint-Denis.
Mais fin avril Sanofi montait son offre à 56 milliards, avec une rallonge de 6,8 milliards et une prime de 31,4% par action vendue ou échangée. Les dirigeants d'Aventis recevaient des postes ou des «parachutes dorés»: 30 millions d'euros au PDG Landau, pour compléter sa retraite de 150000 euros mensuels. D'hostile, l'OPA devenait alors amicale et les dirigeants d'Aventis militaient pour.
Quant aux salariés, ils apprenaient que le nouveau groupe envisageait de supprimer 8000 postes, dont 4000 en France, parmi les 113000 salariés du groupe (30000 en France). Dès aujourd'hui les visiteurs médicaux sont victimes d'une restructuration. Et rien ne dit que les patrons s'arrêteront là.
Les profits actuels enrichissent les dirigeants et les actionnaires. Mais les salariés doivent se contenter de 2% pour l'année. Le PDG Dehecq l'a dit, en même temps qu'il annonçait pour 2005 une nouvelle hausse importante du chiffre d'affaires et des bénéfices: «Il ne faut pas croire que tout peut être partagé.»
Car il n'y a pas de mystère: leurs milliards de profits proviennent du travail de dizaines de milliers d'ouvriers, de techniciens et de chercheurs dont les salaires sont bloqués et l'exploitation renforcée par les suppressions de postes et les fermetures de sites dans le monde entier.