- Accueil
- Lutte ouvrière n°1909
- Imposer nos revendications c'est nécessaire et c'est possible !
Editorial
Imposer nos revendications c'est nécessaire et c'est possible !
Thierry Breton, patron spécialisé dans la privatisation d'entreprises nationalisées suivie de suppressions d'emplois, devient donc le nouveau ministre de l'Économie. Mais le changement de ministre n'atténue en rien le scandale. Son prédécesseur prêchait l'austérité, mais il trouvait naturel de faire payer par l'État son loyer, l'équivalent de 12 smic, alors qu'il possède en toute propriété deux maisons et trois appartements et qu'il est assez riche pour payer l'impôt sur la fortune. Au même moment, ils sont des milliers à n'avoir pas de logis du tout et, avec l'hiver rigoureux, certains ne se relèvent plus après une nuit passée dehors.
Ce scandale est révélateur de l'arrogance de ceux qui nous gouvernent et de leur mépris de la vie et des difficultés des classes populaires. Au moment où Gaymard tentait de s'expliquer, inventant chaque jour un mensonge nouveau, son ministère rendait publics les derniers chiffres officiels du chômage. Avec plus de 10% de chômeurs, le chômage explose. La précarité, aussi. Et cela pendant que les entreprises annoncent des profits historiques.
La grande pauvreté ne touche plus seulement des travailleurs qui n'ont pas retrouvé de travail après avoir été licenciés par des entreprises croulant sous l'argent, mais aussi des salariés mal payés. Cette réalité, dramatique pour beaucoup, menace tout le monde du travail. Quel travailleur pourrait être sûr d'échapper au chômage ? Et la précarité devient la règle : les grandes entreprises, quand elles embauchent des jeunes, les prennent de plus en plus comme intérimaires ou en CDD. Quant au pouvoir d'achat, il baisse pour tous les travailleurs en raison des prix qui montent et des prélèvements de plus en plus nombreux.
Tous les travailleurs de ce pays ont besoin d'une augmentation substantielle de leur salaire. Tous ont besoin de se protéger contre les menaces de chômage et de précarité.
Les entreprises ont de l'argent pour satisfaire ces deux exigences vitales. Ce sont leurs dirigeants eux-mêmes qui le disent en affichant leurs profits. À quoi ces profits seront-ils utilisés ?
À enrichir un peu plus encore quelques centaines de milliers de propriétaires d'entreprises et de grands actionnaires ? Ou seront-ils gaspillés dans des rachats et des fusions d'entreprises qui se traduisent toujours par des restructurations et des suppressions d'emplois ? Si on les laisse faire, c'est ce qu'ils feront.
Alors, si nous ne voulons pas qu'ils continuent à pousser le monde du travail vers la pauvreté et toute la société à la ruine, il faut que le patronat et le gouvernement se retrouvent face à une crise sociale, face au déferlement de colère des travailleurs qui ont toutes les raisons d'en avoir assez d'être mal payés, menacés de licenciement, usés au travail, tondus par les prélèvements !
Ne nous laissons pas endormir par l'agitation autour du référendum, ni par la promesse de changements électoraux en 2007. D'ici là, il y en a qui crèveront de misère sans que ni le référendum ni les élections ne changent quoi que ce soit au rapport de forces entre possédants et exploités.
Après bien des hésitations, et des reculades pour certaines, les centrales syndicales appellent à une journée de grèves et de manifestations le 10 mars prochain. Même si cette journée est un succès, cela ne suffira pas, bien sûr, pour faire céder le gouvernement et le patronat. Il faut cependant que ce soit un succès. Il faut que les appels à la grève soient suivis et que les manifestations soient plus massives que le 5 février. Il faut que ceux du privé et ceux du public montrent qu'ils se retrouvent ensemble, qu'ils se battent pour les mêmes objectifs indispensables et qu'ils ne se contenteront pas d'un baroud d'honneur.
C'est la meilleure façon aussi de forcer la main aux dirigeants syndicaux pour qu'il y ait une suite. Car il faudra qu'il y ait une suite et que les travailleurs parviennent à empêcher un patronat et un gouvernement arrogants de conduire le monde du travail à la catastrophe.