- Accueil
- Lutte ouvrière n°1908
- Paludisme : Les profits.... ou la vie
Dans le monde
Paludisme : Les profits.... ou la vie
«Le profit est absolument essentiel. C'est comme l'air que nous respirons». C'est ce qu'a déclaré le PDG du groupe pharmaceutique Novartis dans l'hebdomadaire américain Newsweek daté du 21 février, en défense des grands laboratoires pharmaceutiques critiqués parce qu'ils ne poussent pas suffisamment les recherches sur les maladies touchant les pays pauvres, comme le paludisme.
Mais ce profit, qui fait respirer les actionnaires de tous les grands groupes pharmaceutiques, «étouffe» des millions d'individus de par le monde.
Le paludisme est en effet une maladie tropicale qui touche jusqu'à 500 millions de personnes chaque année. Trois millions de personnes en meurent tous les ans. Un enfant meurt toutes les 30 secondes de cette maladie quelque part dans le monde. Sur le seul continent africain, elle est la principale cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans. Elle tue un enfant sur 20, plus que le virus du sida. Ce fléau est réapparu comme une grave menace pour la santé publique à la fin du 20e siècle. Durant les trente dernières années, le taux de mortalité en Afrique a augmenté de près de 50%. Les raisons sont multiples, mais une d'elles est la résistance plus forte aux médicaments classiques à base de chloroquine.
Un médicament très efficace existe pourtant, le Coartem, désormais sur la liste des «médicaments essentiels» de l'Organisation mondiale de la santé, que produit le groupe pharmaceutique Novartis. Depuis 2001, vingt pays ont adopté le Coartem et dix-huit sont en train de le faire. Aussi l'OMS a-t-elle passé un accord avec Novartis en 2001, pour qu'il fournisse son traitement à prix coûtant et qu'il augmente sa production afin d'atteindre les 60 millions de doses en 2005. Mais l'objectif ne sera pas atteint. Novartis se réfugie derrière le fait que la plante qui est l'ingrédient principal du médicament met plus de six mois à pousser! À Médecins sans frontières, qui l'accuse de se désintéresser de la production du Coartem parce qu'il ne permet pas de dégager de profits, le PDG de Novartis, répond: «Les faits, pourtant, sont là. Nous achetons toutes les plantes qui sont disponibles dans le monde et nous avons signé un contrat avec des plantations au Kenya. Que voulez-vous faire de plus?» Mais, comme le souligne Médecins sans frontières, «jamais Novartis ne se serait retrouvé dans une telle situation si ce médicament dégageait des bénéfices.» On veut bien le croire.
Il peut certes y avoir des obstacles scientifiques à l'éradication d'une maladie mais, pour que les capitalistes mettent tous les moyens pour la vaincre, il faut qu'ils aient de bonnes raisons. Et pour les multinationales, sauver des millions de vies, surtout s'il s'agit de pauvres, n'en a jamais été une.