Journée du 10 mars : Public-privé, tous ensemble24/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1908.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Journée du 10 mars : Public-privé, tous ensemble

Toutes les confédérations syndicales appellent à une journée de grèves et de manifestations, dans le privé comme dans le public, le jeudi 10 mars. Même la CFDT après bien des tergiversations s'est ralliée, pour l'heure du bout des lèvres, à cette journée, la présence ce jour-là de la délégation olympique chargée d'étudier la candidature de Paris lui servant de prétexte à son peu d'empressement. En tout cas, tant mieux si de plus en plus de syndicats annoncent qu'ils participent à cette journée.

Les syndicats de cheminots, CGT, FO et Sud Rail, ont annoncé qu'ils déposaient un préavis de grève, ainsi que les syndicats CGT, FO, FSU, UNSA et CFTC de la Fonction publique. Les syndicats enseignants appellent aussi de leur côté, appuyés même par la principale fédération de parents d'élèves, la FCPE, qui veut faire du 10 mars une journée «école morte». Enfin, la CGT Métallurgie a indiqué s'être fixé comme objectif de faire descendre dans la rue 140000 métallos.

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, déclarait lundi 21 février dans une interview au journal Libération: «Nous avons eu un réel succès le 5 février. (...) Nous avons un devoir de suite, en créant des moments de coordination aidant les salariés des entreprises à percevoir qu'ils ne sont pas seuls dans leur coin à agir ou à attendre des réponses à leurs revendications. La journée du 10 mars, avec arrêts de travail, va permettre de pousser plus fort.» C'est vrai, et il est heureux que les journées des 19 et 20 janvier et du 5 février ne soient pas restées sans lendemain. Mais on attend encore que les confédérations syndicales, y compris la CGT, expliquent à l'ensemble des travailleurs quel plan elles comptent mettre en oeuvre pour faire céder un gouvernement et un patronat qui ne seront sensibles qu'à une épreuve de force. Il ne s'agit pas de répéter périodiquement, au coup par coup, des «journées d'action». Chacune ne peut avoir un sens que si elle est conçue comme une étape dans la mobilisation des travailleurs, qui leur redonne confiance en leurs propres forces. Le 10 mars doit être une étape dans cette direction, et ce serait aux dirigeants syndicaux, Thibault compris, de l'expliquer et d'en convaincre leurs militants et les travailleurs.

Mais, quoi qu'il en soit, il est bien sûr dans l'intérêt de tous les travailleurs que cette journée du 10 mars soit un succès. Les raisons de se mobiliser ce jour-là ne manquent pas. En ce qui concerne les salaires tout d'abord, cela fait des années que les salariés du privé comme du public voient leur pouvoir d'achat chuter. La revendication des salaires sera donc évidemment mise en avant. À titre d'exemple, la fédération CGT de la Métallurgie réclame une hausse de 8% des salaires. Le problème de l'emploi est une autre raison de se mobiliser. Les licenciements continuent de plus belle. La précarité explose, y compris dans le secteur public. Des emplois sont supprimés par milliers dans l'éducation, dans les hôpitaux et les transports, dans des secteurs pourtant utiles à la population. Enfin, les patrons cherchent à faire travailler plus, et gratuitement.

La journée du 10 mars sera une occasion d'affirmer que cette situation n'est pas une fatalité économique, car les patrons ont de l'argent, l'explosion des profits de la plupart des grandes entreprises, dont les médias ont fait l'étalage tout récemment, le prouve. Les patrons ont de quoi payer des augmentations de salaire. Ils ont de quoi embaucher, ce qui permettrait de répartir le travail entre tous, et ainsi de diminuer les cadences. Et de son côté le gouvernement aurait aussi de quoi embaucher dans les services publics, s'il ne consacrait pas une part énorme de son budget à financer des cadeaux de toute sorte au patronat.

Toutes ces revendications sont communes à l'ensemble des travailleurs, quelle que soit leur corporation, qu'ils soient du public ou du privé. Aussi il est dans l'intérêt de tous de faire la sourde oreille aux propos démagogiques qui visent à faire croire à l'existence d'une catégorie prétendument privilégiée de salariés, de balayer les divisions, entretenues par les syndicats eux-mêmes parfois, comme la CFDT qui parlait au départ de centrer la journée du 10 sur le privé, et de se retrouver ensemble dans les grèves et dans la rue.

La journée du 10 mars est une occasion de se montrer nombreux et unis, et ainsi de contribuer à redonner confiance aux travailleurs pour une véritable contre-offensive contre le patronat et le gouvernement. Il faut s'en saisir.

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