Le baron Seillière, président du Medef, héritier d'une dynastie capitaliste vieille de trois siècles et capitaliste lui-même, a multiplié les déclarations à l'occasion du congrès du syndicat patronal. Il en ressort un programme d'attaques contre le monde du travail, assorti d'une collection de remarques méprisantes pour tout ce qui n'est pas milliardaire depuis cinq générations.

Ainsi Seillière exige que l'on réduise le nombre de fonctionnaires afin de pouvoir diminuer les impôts. Il trouve que le gouvernement ne va pas assez vite pour supprimer des postes de fonctionnaires et l'accuse de "manquer de courage" devant le risque d'un mouvement comparable à celui de 1995.

En revanche, le représentant du grand patronat est tout à fait satisfait des propositions du gouvernement Raffarin sur les 35 heures puisqu'elles vont permettre d'augmenter le temps de travail entreprise par entreprise, en fonction des besoins du patron. Il voudrait simplement qu'on puisse licencier plus facilement.

À propos des embauches, le baron laisse s'exprimer tout son mépris envers la classe ouvrière: "Par bonheur, dit-il, je note une modification profonde des comportements, notamment chez les jeunes salariés, qui ne voient plus l'intérim, les CDD, comme une forme dégradée de travail mais y trouvent des opportunités". Comme si travailler un mois sur deux, était une "opportunité" et le salaire mensuel n'était pas une nécessité. Lors d'un débat avec le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibaud, Seillière confirme son intention, que la précarité devienne la règle et l'embauche à durée indéterminée l'exception. Et il enfonce le clou: "Vous (la CGT, les syndicats, les travailleurs...), sur la base d'un rapport de force, allez devoir accepter un droit social de plus en plus individualisé".

Le président du Medef dit ignorer la lutte de classes, mais il la pratique avec constance quand il s'agit de défendre sa classe, celle des patrons. Il compte sur le rapport de forces pour faire reculer le droit ouvrier, à commencer par le code du Travail. Il rêve de remplacer les conventions collectives par des "négociations" au niveau de l'entreprise. Il aspire à la négociation individuelle du salaire, du temps et des conditions de travail. Ce serait pour Seillière la complète liberté de négociation entre deux individus libres, le patron et l'ouvrier. Ce que Marx appelait "le renard libre dans le poulailler libre".

À la question de savoir s'il s'apprête à participer à un gouvernement, Seillière déclare "mon style ne convient pas pour créer autour de moi l'unité nationale qui me porterait aux plus hautes fonctions". Effectivement, c'est bien lui le représentant du pouvoir réel, celui du grand patronat. Quant à faire semblant de prendre en compte l'intérêt général, il laisse ça à la valetaille politicienne, aux Chirac, Raffarin et Hollande, à ceux qui ont besoin des voix des électeurs pour appliquer ensuite la politique... d'un Seillière et de ses semblables.