Salaires du personnel de la Sécurité sociale et des Allocations familiales : Diviser pour payer le moins possible !20/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1903.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Salaires du personnel de la Sécurité sociale et des Allocations familiales : Diviser pour payer le moins possible !

Une nouvelle classification des emplois du personnel de la Sécurité sociale et des Allocations familiales va entrer en vigueur en février 2005.

Ceux qui la soutiennent mettent en avant la revalorisation du salaire à l'embauche des plus bas niveaux d'environ 135euros. Il faut dire qu'ils sont particulièrement bas et que leur régression depuis dix ans pose de compliqués problèmes d'ajustement par rapport au Smic.

Le premier niveau est en dessous du Smic et, pour respecter la loi, les directions versent des différentiels de salaire qui augmentent un peu plus en juillet de chaque année lorsque le Smic est revalorisé: cette différence était de 20% en 2004 pour le premier niveau, chiffre édifiant, qui reflète la dégradation générale du niveau des salaires. Quant à l'emploi le plus répandu, celui de technicien de législation, il dépasse à peine le Smic à l'embauche.

Comme l'employeur ne veut surtout pas augmenter l'ensemble des salaires, tous les dix ans il doit réajuster le bas de l'échelle. Cela avait déjà été fait en 1993, c'est un scénario identique qui se met en place en 2005.

Pour le reste du personnel une miette est prévue: 4 points, c'est-à-dire environ 30 euros.

Dans une plaquette expliquant sa réforme, l'UCANSS, organisme de direction des services sociaux, écrit: «Cet accord concrétise la volonté partagée (par qui? sûrement pas par la majorité des employés!) de redonner toute sa place à la rémunération des compétences mises en oeuvre en réduisant en contrepartie les automatismes.» Ce qui, en clair, signifie diminuer les augmentations automatiques pour augmenter celles «au mérite».

Jusque-là, les employés bénéficiaient d'une augmentation automatique, dite d'ancienneté, de 2% du salaire de base par an pendant 20 ans. En fait, cette augmentation n'en était pas vraiment une dans la mesure où les augmentations générales du point ont été en moyenne de 0,6% par an depuis dix ans, loin derrière l'inflation. Pour ceux qui ne sont pas encore au plafond, cette ancienneté ne sera plus de 2% mais de 2 points par an, soit 13,63 euros, ce qui revient à la diminuer de 50% à 75% de sa valeur. Cela signifie que le supplément à l'embauche sera rogné en quelques années.

L'avancement individuel au mérite, qui avait déjà été accentué en 1993 mais qui comportait encore un reste d'automatisme (garantie de toucher à ce titre au moins 35 euros tous les cinq ans), devient le principal objectif et ne comporte plus aucune obligation.

La notion de «mérite» est renforcée: chaque employé devra avoir un entretien individuel avec sa hiérarchie, formalisé par écrit, où il est question d'engagement sur l'atteinte d'objectifs... Mais même si les objectifs sont atteints, rien ne garantit qu'il y aura une augmentation car cela reste soumis aux contraintes budgétaires. À titre d'exemple, la direction de la Cramif (Caisse régionale d'assurance-maladie d'Ile-de-France) a déjà annoncé qu'il n'y aurait rien en 2005 et le budget de frais de personnel est prévu en diminution par rapport à 2004.

Il n'y a que la CFDT, la CGC -Confédération Générale des Cadres- et trois syndicats d'agents de direction qui ont trouvé dans cette nouvelle mouture matière à satisfaction. Ce n'est pas le cas de la majorité du personnel, même si chacun pense que c'est la moindre des choses d'augmenter les niveaux d'embauche. Mais l'ensemble des salaires est en perte de vitesse, et sur ce terrain personne n'y trouve son compte.

Dans de nombreuses caisses de Sécu et de la CAF cela suscite un mécontentement. De nombreux employés et cadres voient d'un sale oeil cette volonté de mettre de plus en plus le personnel en concurrence pour obtenir une meilleure paie. Et cela est mal perçu aussi par de nouveaux embauchés qui se rendent compte de ce qu'on fait sauter comme garanties sous prétexte de quelques dizaines d'euros à l'embauche pour quelques-uns.

Ce qui est vraiment indispensable c'est l'augmentation générale des salaires. Mais là le résultat est particulièrement minable. Parallèlement aux quatre points minimums de revalorisation des coefficients, la seule augmentation générale des salaires décidée pour 2004 est de...1%!

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