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Dans les entreprises
La réforme du fret : Marche arrière toute !
La baisse importante des effectifs accompagne la réorganisation des différents services de la SNCF. En particulier, ce que la direction appelle le «plan fret» montre à quel point «l'entreprise SNCF» - comme aime à dire son président Louis Gallois - n'a déjà pas grand-chose à voir avec un service public mais vise avant tout la rentabilité financière comme n'importe quelle autre entreprise capitaliste.
Le fret concerne le transport terrestre des marchandises, dont la logique voudrait qu'il se fasse de moins en moins par la route et de plus en plus par le train. Le transport ferroviaire est moins dangereux, moins polluant que le transport par route. La collectivité aurait tout à gagner à ce qu'il se développe, indépendamment même des critères de rentabilité financière immédiate. Mais ce ne sont pas ces considérations qui entrent en jeu dans la politique de la SNCF et du gouvernement. Et du coup, les comparaisons entre le transport ferroviaire et le transport routier sont faussées dès le départ.
À la SNCF, le plan fret prévoit une réduction importante de tous les services de fret ferroviaire, sous prétexte qu'il n'est pas concurrentiel et s'accompagne de trop de pertes financières. Gilles de Robien, le ministre des Transports, expliquait dans Le Parisien de mardi 18 janvier que «les non-remplacements de départs à la retraite sont indispensables à l'équilibre du plan fret et qu'ils constituent les trois quarts des suppressions d'emplois en 2005.<|>» Car, poursuivait-il, «<|>le fret ferroviaire doit se redresser». Ainsi, dans le budget 2005, figure pour le fret la suppression de 1 526 postes de travail.
Cette baisse d'effectifs accompagne, depuis 2003, la fermeture de triages, de gares et de dessertes consacrées au fret, la SNCF travaillant à la réduction importante de l'activité et envisageant de ne conserver à terme, en 2006, que les secteurs de trafic bénéficiaires, où ses tarifs mêmes élevés ne sont pas concurrencés par la route et où ses services correspondent aux besoins de ses plus gros clients. Le plan a d'ailleurs été élaboré avec la participation de ceux-ci, qui s'appellent Gefco, Aluminium Pechiney, Vallourec, Saint-Gobain, Carrefour, etc. Pour le reste, elle supprime les circuits qui ne l'intéressent pas, parce que trop coûteux ou pas assez rentables, et privilégie les trafics internationaux.
Pour la réalisation de son plan, la SNCF a reçu l'aval du gouvernement et des autorités européennes, le premier apportant même 800 millions d'euros. La SNCF de son côté vend certains de ses bâtiments et de ses terrains pour récupérer une somme équivalente. Au total, 1,6 milliard d'euros seront investis en trois ans... pour diminuer l'emploi et le service du fret, tout en contribuant à surcharger encore des routes et autoroutes déjà saturées par le transport des marchandises. Une belle marche arrière dont les frais seront payés par toute la population.