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Irak : Les soldats américains tortionnaires... et ceux qui les commandent
Le caporal Charles Graner, un de ces militaires américains tortionnaires qui ont sévi en Irak, vient d'être condamné à dix ans de prison et à la radiation de l'armée. D'autres soldats seront bientôt jugés à leur tour.
Réserviste, ancien gardien de prison, il était jugé par un tribunal militaire du Texas pour des actes de barbarie et des sévices sexuels, particulièrement dégradants, envers des Irakiens détenus à la prison d'Abou Ghraib. Les photos de prisonniers nus empilés en une pyramide humaine, terrorisés par des chiens ou tenus en laisse par des soldats, sont là pour rappeler le comportement ignoble de ces tortionnaires en uniforme. Et l'attitude de Graner durant le procès, sûr de son bon droit et plaisantant de ses actes, conforte dans l'idée que cette crapule sadique n'a pas volé sa condamnation.
Pour sa défense, il a affirmé n'avoir fait qu'exécuter les ordres lui demandant «d'adoucir» les prisonniers, émanant de ses supérieurs. Jusqu'à présent, aucun de ceux-ci ni le directeur de la prison d'Abou Ghraib n'ont été inquiétés. Et ces procès qui viennent d'avoir lieu ont finalement pour but, en rejetant la responsabilité des actes barbares sur quelques individus, de dédouaner les responsables militaires et, au-dessus d'eux, les dirigeants politiques qui ont pris la responsabilité de la guerre et en ont même dicté les méthodes.
Pourtant, ce sont bien les dirigeants de l'armée et les dirigeants politiques qui ont pris consciemment la responsabilité des violences, des crimes de toutes sortes, des massacres de populations civiles qu'entraînent la guerre ou l'occupation militaire. La pratique de la torture par des militaires français au cours de la guerre d'Algérie, si longtemps tenue secrète et ensuite minimisée par l'État, montre d'ailleurs bien que cette barbarie n'est pas spécifique à l'armée américaine. Elle est la conséquence logique de ce type de guerre coloniale, menée en fait contre tout un peuple.
Le caporal Graner a été condamné, avec raison. Mais la justice se garde bien de poursuivre les principaux responsables, parmi bien d'autres, des exactions commises: Rumsfeld, qui dirige le Pentagone (le ministère de la Guerre), ou Bush qui, sous des justifications montées de toutes pièces (ce qu'il est bien forcé de reconnaître maintenant), a déclenché la guerre en Irak, faisant jusqu'à ce jour au moins cent mille victimes parmi la population et plongeant ce pays dans le désordre et la misère.