Depuis le 2 décembre, soit maintenant plus d'un mois, les salariés de l'usine AGC Automotive de Fleurus, près de Charleroi, sont en grève, s'opposant à un plan de licenciements concernant 284 personnes sur les 840 du site.

Ancienne filiale du groupe Glaverbel, l'usine fait aujourd'hui partie du groupe japonais Asahi Glass, et fabrique des pare-brise, des vitres latérales et des lunettes arrière pour l'industrie automobile. La grève est menée par les délégués des syndicats FGTB (socialiste) et CSC (chrétien) en front commun syndical.

Dans une région, le Hainaut, où le taux de chômage est déjà de 25%, cette lutte rencontre le soutien de la population. Cinq mille personnes avaient défilé en solidarité le 13 décembre à Charleroi, dont de nombreux travailleurs venus des entreprises de la région: les différents sites de Glaverbel, les TEC (bus de Wallonie), Caterpillar... Des délégations syndicales continuent à rendre visite régulièrement au piquet de grève. En Belgique, l'immense majorité des salariés est syndiquée et les actions sont en général très encadrées par les représentants syndicaux.

Les grévistes ont tenu bon pendant les fêtes, avec une forte présence au piquet de grève. Ils ont même organisé un réveillon sur place pour le nouvel an! Après plus de quarante jours de grève, la direction commence à être en rupture de stocks. Elle doit payer des astreintes pour les pare-brise qu'elle ne peut livrer à BMW. Elle a donc multiplié les tentatives pour pousser à la reprise du travail:

- Elle a fait courir le bruit que, si la grève continuait, l'usine fermerait purement et simplement.

- Elle a appelé les grévistes chez eux dans la semaine du 10 janvier pour leur proposer de reprendre le travail et d'être payés comme s'ils avaient travaillé tout le mois!

- Elle a entamé une procédure au tribunal pour obtenir la levée du piquet de grève. Le tribunal a rendu sa décision le jeudi 13 janvier, donnant gain de cause au patron, sous peine d'une astreinte de 5000 euros par personne qui serait empêchée d'entrer dans l'usine!

Un préavis de grève a été immédiatement déposé par la FGTB pour tous les sites Glaverbel (secteur du verre) de la région de Charleroi, au cas où une intervention policière aurait lieu à Fleurus. Une soirée de solidarité avec les grévistes était par ailleurs organisée le 19 janvier, par un comité de soutien formé d'anciens travailleurs et délégués de Glaverbel. Des femmes de grévistes se sont aussi organisées en comité.

Le gouvernement vient de s'en mêler, en organisant une médiation entre la direction de Fleurus et les syndicats. Les négociations se sont terminées le dimanche sans que la direction cède sur quoi que ce soit. Les huissiers sont revenus le lundi 17 janvier au piquet, mais 600 personnes les attendaient de pied ferme: 300 grévistes et 300 travailleurs de la région. Les grévistes n'en démordent pas, tiennent bon leur piquet et restent fermes sur leur revendication: pas un seul licenciement!