Lycée Professionnel Arthur-Rimbaud La Courneuve (93) : La mobilisation a payé13/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1902.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Lycée Professionnel Arthur-Rimbaud La Courneuve (93) : La mobilisation a payé

Au LP Arthur-Rimbaud de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, les deux enseignantes vacataires dont le service devait prendre fin courant janvier pourront terminer l'année scolaire avec leurs élèves. Le rectorat de Créteil a cédé devant les protestations suscitées par leur situation, et leur a accordé le statut de contractuelles, contrat précaire lui aussi, mais un peu moins désavantageux que celui de vacataire, et qui permet d'effectuer des remplacements plus longs.

Les vacataires, en effet, sont embauchés pour effectuer 200 heures de cours. Une fois ces heures effectuées, leur contrat prend fin, sans garantie d'embauche ultérieure. Quant aux élèves, dans le meilleur des cas, ils se retrouvent avec deux ou trois professeurs qui se succèdent dans l'année. À Rimbaud, les deux enseignantes assuraient le remplacement de professeurs absents pour une longue durée. Il était donc aberrant de limiter leur service à dix ou onze semaines de cours, d'autant plus que leur matière -Sciences et techniques médico-sociales (STMS) pour l'une, Arts appliqués pour l'autre- compte en contrôle continu dans l'obtention du diplôme des élèves.

Dès décembre, chacun s'est mobilisé pour obtenir que ces enseignantes restent dans l'établissement: pendant que la direction multipliait les démarches auprès du rectorat, l'ensemble des personnels faisaient circuler l'information et élevaient des protestations. De leur côté, les élèves faisaient signer des pétitions dans les classes et auprès de leurs parents, et se déclaraient prêts à soutenir toute action.

Au retour des vacances, le rectorat fit savoir que la collègue de STMS devenait contractuelle à la fin de sa vacation et qu'elle pourrait donc rester. Mais rien pour l'autre enseignante; au contraire, un remplaçant avait même été pressenti! Le 7 janvier, trois jours avant la fin de son contrat, nous sommes donc passés à l'action. Des affichettes furent collées sur chaque vitre donnant sur la rue: «Profs en colère»; «Les profs passent, les élèves trinquent»; «Non aux profs jetables», pouvait-on lire. Deux banderoles furent déployées sur les grilles, la porte fut cadenassée tandis que la proviseure et son adjoint étaient retenus dans leurs bureaux. Parallèlement, des enseignants commencèrent à faire signer la pétition aux passants (nombreux, car c'était jour de marché), tandis que d'autres s'adressaient à la presse, convoquée pour l'occasion.

Moins d'une heure après le début de ce mouvement, le recteur téléphonait, se disant prêt à recevoir une délégation dans la matinée, à condition que les affichettes et les banderoles soient enlevées! Mais avant même que l'on ait le temps de discuter de sa proposition, ses services appelaient pour dire que la professeur de dessin resterait elle aussi dans l'établissement en tant que contractuelle: la décision aurait été prise la veille mais il n'avait pas été «possible» de nous avertir plus tôt!

L'annonce de ce succès, faite au micro de l'établissement, a été accueillie dans chaque classe par des applaudissements; à la récréation suivante, l'ambiance était à la fête. Tout le monde en a assez en effet de voir les professeurs nommés n'importe comment, au petit bonheur, pour des durées de plus en plus courtes, et de voir aussi des collègues appréciés disparaître du jour au lendemain, alors que dans le même temps, les discours officiels insistent sur la nécessité d'avoir des équipes pédagogiques stables, surtout dans des ZEP (Zone d'éducation prioritaire) comme La Courneuve.

Que le rectorat de Créteil ait reculé pour ces deux enseignantes est un encouragement pour se battre contre le travail précaire qui se généralise dans l'Éducation nationale.

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