Nombre de grosses sociétés versent à leurs actionnaires des dividendes exceptionnels, en plus des dividendes ordinaires. Ainsi, aux États-Unis, Microsoft a versé en 2004 un dividende exceptionnel de 32 milliards de dollars.

En France, c'est ce que vient de faire Bouygues, le 7 janvier, en versant 1,7 milliard d'euros. Cela représente 5 euros pour une action qui a augmenté de 36% en six mois et vaut actuellement 35 euros. C'est beaucoup plus que les investissements de Bouygues: environ un milliard par an.

Le même jour, la société d'immobilier Unibail versait de son côté un milliard de dividendes exceptionnels: 23 euros par action valant 110 euros aujourd'hui, en progression de 47% sur un an. Ce n'est pas sans rapport avec le fait que l'impôt sur les plus-values des sociétés immobilières a baissé de moitié depuis 2003, et qu'elles sont dispensées d'impôt si elles reversent 85% de leurs profits aux actionnaires.

Les actionnaires achètent des actions pour qu'elles leur rapportent, que ce soit en prenant de la valeur ou en rapportant des dividendes. C'est mieux encore si c'est les deux à la fois. Il est dans l'ordre des choses, dans ce système, que les dirigeants des entreprises (qui sont parmi les bénéficiaires de cette manne) leur reversent le maximum d'argent plutôt que de l'investir.

Mais cela fait justice aux discours de ces «investisseurs» qui pleurent la bouche pleine en invoquant hypocritement «l'intérêt de l'économie et de l'emploi». S'ils pensent à quelqu'un, c'est à eux-mêmes, et l'argent qu'ils gagnent, ils se le partagent goulûment.