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Dans le monde
Après le raz de marée : Cinq millions de vies dévastées, mais des milliards de dollars en jeu
Plus de deux semaines après le raz de marée qui a dévasté le Sud-Est asiatique, des milliers de cadavres sont encore dégagés des tonnes de décombres. Dans des zones entières, des rescapés tentent désespérément de survivre en l'absence de nourriture, d'abris, de soins médicaux. Même si désormais les dirigeants du monde entier, et les médias à leur suite, ne cessent de parler de l'indispensable solidarité, la catastrophe révèle combien la société mondiale est peu équipée pour venir en aide aux populations... bien moins en tout cas que lorsqu'il s'agit de leur faire la guerre.
Le total des aides financières atteindrait aujourd'hui au moins 5 milliards de dollars, voire même 8 milliards selon certaines sources, la plus grande partie de ces aides étant constituée de dons privés, transitant par les organisations humanitaires. Mardi 11 janvier, lors de l'assemblée qui a réuni à Genève, sous l'égide de l'ONU, les représentants des pays et associations ayant promis ces aides, Kofi Annan en a appelé à la concrétisation des promesses, au souvenir du milliard de dollars promis après le séisme de Bam en Iran, réduit dans la réalité à 17 millions selon le président iranien...
Les grandes puissances, elles, sont à présent préoccupées du problème de la dette des pays touchés par le tsunami: il s'agit en effet d'une somme de 406 milliards de dollars, selon la Banque mondiale, dont l'intérêt a représenté en 2003, de la part des onze pays atteints, un remboursement de 68 milliards de dollars, plus de huit fois le montant des aides promises. Il se trouve des spécialistes pour arguer, avec la bonne conscience des usuriers charitables, que l'annulation pure et simple de la dette des pays pauvres ne ferait que désorganiser l'équilibre financier de ceux-ci.
Les experts dépêchés par les grandes banques sont plus rassurants... pour les investisseurs: si le bilan humain est catastrophique, seuls quatre pays, la Thaïlande, le Sri Lanka, les Maldives et les Seychelles verront leur croissance économique amputée en 2005, en raison du poids du tourisme et de la pêche dans la richesse produite par chacun de ces pays. Mais, en Indonésie, par exemple, les secteurs de l'huile de palme, du caoutchouc et du gaz naturel n'ont pas souffert, pas davantage que le raffinage du pétrole en Inde ni les technologies de pointe du Penang en Malaisie...
Moins de trois semaines après la catastrophe qui a bouleversé la vie de plusieurs millions d'êtres humains, laissant sur place un désastre encore à peine maîtrisé, l'heure est donc à présent, pour les capitalistes, aux discussions de chiffonniers, à peine voilées, sur l'utilisation des sommes de l'aide. Quant aux requins qui profiteront des multiples reconstructions, ils ne sont sans doute pas loin.