Côte-d'Ivoire : L'armée française tue et laisse tuer31/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1900.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte-d'Ivoire : L'armée française tue et laisse tuer

Le journal Libération vient de rendre public un rapport sur la Côte-d'Ivoire commandé par l'ONU. Ce document fait état de massacres, tant du côté des " rebelles " qui régissent le nord du pays que du côté des partisans du gouvernement Gbagbo, au sud, semblant vouloir faire l'équilibre entre les deux camps qui se partagent le pays. Quant aux exactions de l'armée française, ce rapport n'en parle pas car il s'arrête opportunément au 15 octobre 2004, juste avant que l'armée française ne tire sur la foule à Abidjan.

On y apprend ainsi que " 61gendarmes, 61 enfants desdits gendarmes ainsi que 7 autres civils ont été froidement exécutés alors qu'ils étaient désarmés et enfermés dans des cellules ", à Bouaké, dans le nord, le 6 octobre 2002 et aussi que " 120 travailleurs immigrés en service dans les plantations de café et de cacao de la région " de Monoko-Zohi ont été exécutés par les militaires ivoiriens (gouvernementaux), vers le 5 décembre 2002. Les enquêteurs rapportent d'autres massacres, des chasses à l'homme, des viols, des tortures, des assassinats de prisonniers...

Ces atrocités ont été commises dans des zones soi-disant sécurisées par l'armée française ou par les troupes de l'ONU, quand ce n'est pas directement sous leurs yeux. Le rapport indique par exemple que, à Korhogo, " le 25 juin 2004, la Licorne [la bien mal nommée " force d'interposition "] qui est toujours restée dans son camp pendant les combats " est allée compter 1es morts.

Depuis le début le gouvernement français et l'ONU derrière lui affirment que les soldats français sont en Côte-d'Ivoire pour " assurer l'état de droit ". Le chef d'état-major, le général Bentégeat, lors d'une visite de Noël aux troupes stationnées en Côte-d'Ivoire, a encore affirmé: " La France a choisi d'intervenir fraternellement le 22 septembre 2002 afin de ne pas laisser ce pays sombrer dans une guerre civile et meurtrière ". Mais lorsque des politiciens locaux, en particulier Laurent Gbagbo, ont commencé à créer puis à enflammer des sentiments nationalistes et ethnistes, la France a laissé dire, puis a laissé faire, et finalement son armée a laissé massacrer. Il faut à l'impérialisme français un gouvernement ivoirien féroce envers les pauvres, parce qu'il faut assurer la continuité des affaires. Alors, si ce gouvernement s'appuie sur des bandes armées ethnistes, la France ne dit rien. Si ces bandes massacrent des travailleurs immigrés venus du nord du pays ou des pays voisins, la France ferme les yeux. Si l'ONU enquête et découvre quelques charniers, la France se bouche le nez. Mais si la route du café ou celle du cacao sont menacées, si le dictateur en place vacille, alors la France " défend l'état de droit " et l'armée française sort de ses casernes. Et si la foule en colère manifeste, l'armée française tire dans le tas.

Ces gens, patrons, militaires, ministres, pataugent dans le sang et osent dire que ce serait pire s'ils n'étaient pas là. Mais ils sont là depuis la colonisation! L'armée française n'a jamais quitté le pays, la bourgeoisie française n'a jamais cessé de le mettre en coupe réglée, l'État français a toujours appuyé les dictateurs locaux (avec ou sans mascarade électorale), les patrons français, grands et petits, n'ont jamais cessé de " faire suer le burnous ". Le rapport de l'ONU ne dévoile sans doute qu'une petite partie des atrocités commises ces dernières années dans ce pays. La présence française en Côte-d'Ivoire, avec son cortège de violence, de corruption, d'exploitation, d'inégalités et d'injustices criantes, a une grande part de responsabilité dans ces atrocités, y compris celles commises par des Ivoiriens.

Cette situation coloniale n'a que trop duré: armée et exploiteurs français hors de Côte-d'Ivoire!

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