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- Lutte ouvrière n°1899
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Dans les entreprises
AMTE – Besançon : Une semaine de grève
Dans cette holding familiale regroupant environ 300 salariés, la direction rogne au fil des années sur les salaires, et les conditions de travail se dégradent. La prime de participation, qui fut un temps l'équivalent d'un 13e mois, s'est réduite progressivement à la portion congrue. La direction s'assoit allègrement sur le droit du travail, les heures supplémentaires ne sont pas payées à taux majoré, l'organisation du temps de travail se plie exclusivement aux nécessités de la production. Pourtant, l'entreprise a été largement bénéficiaire ces dernières années, mais la patronne a préféré investir dans de nouvelles productions, au prix de la dégradation des conditions de vie des travailleurs.
Alors, lorsque la direction a décidé de supprimer les bons d'achat de 30 euros à Noël, la coupe était pleine et 85 salariés, la moitié de l'effectif de production, ont débrayé à l'appel de la CFDT, puis voté la grève. Les revendications concernaient les bons de Noël, mais également l'augmentation des salaires en fonction du coût de la vie, de meilleures conditions de travail, ainsi qu'un 13e mois. Deux jours plus tard, la direction ne voulant céder sur rien, les grévistes ont organisé un barrage filtrant devant les sites de production, et bloqué ainsi l'arrivée de matière et la sortie des pièces. Prise de colère, la direction a d'abord tenté différentes manoeuvres d'intimidation et porté plainte contre le blocage du site après qu'il avait été constaté par huissier. Elle a même tenté de faire sortir des pièces en passant par un champ voisin, ce qui a valu à tous une bonne partie de rigolade en voyant la fille de la patronne s'embourber dans un fossé avec sa voiture de fonction...
Le vendredi, les négociations étant au point mort, les grévistes ont décidé de continuer le blocage, et ont passé le week-end dehors. Malgré le froid, l'ambiance était chaleureuse, et les grévistes ont reçu la visite de nombreux travailleurs et de syndicalistes venus leur apporter leur soutien.
Finalement, les négociations ont repris le dimanche et, ayant obtenu la plupart de leurs revendications à l'exception du 13e mois, les grévistes ont voté la reprise le dimanche après-midi, après une semaine de grève. La direction a accordé le paiement majoré des heures supplémentaires, le travail du samedi ne sera plus imposé, le bon de Noël est rétabli, les frais de fonctionnement du CE seront payés par la boîte, une augmentation générale des salaires sera accordée qui ne pourra être inférieure au coût de la vie, ainsi qu'une prime de participation annuelle de 500 euros minimum si l'entreprise dégage des bénéfices; quant aux heures de grève, elles pourront être prises en congés annuels.
Chacun était satisfait d'avoir fait ravaler sa morgue à la direction, et d'avoir montré que les travailleurs d'AMTE n'allaient pas se laisser faire indéfiniment. Comme le disait un gréviste, ce ne sera plus comme avant.