- Accueil
- Lutte ouvrière n°1898
- Violences policières : Une discrimination positive et frappante
Leur société
Violences policières : Une discrimination positive et frappante
60% des victimes recensées de violences policières seraient des étrangers. C'est ce que rappelle le récent rapport de la Commission citoyens-justice-police, composée d'associations antiracistes ou de défense des droits de l'Homme, et de syndicats de juristes, avocats ou magistrats. Ce rapport précise par ailleurs qu'une partie des 40% restants des victimes de ces violences sont des nationaux français qui peuvent aisément, par leur aspect physique ou la consonance de leur nom, passer pour des ressortissants étrangers.
Entre juillet 2002, qui marque le début de l'activité de cette commission, et le mois de juin dernier, elle a recueilli 200 dossiers de plaintes pour violences illégitimes mettant en cause des policiers. Plus de la moitié de ces violences ont eu lieu sur la voie publique, frappant des personnes de toutes conditions et en toutes circonstances, petits marchands à la sauvette, usagers des transports en commun rentrant de leur travail, jeunes en balade, automobilistes du dimanche. Ces violences sont le plus souvent provoquées par des faits bénins et peu authentifiables. Par exemple, des propos considérés par les policiers comme injurieux proférés par la victime, sans autre délit ou infraction constatés.
D'après ce rapport, le nombre de victimes portant plainte auprès de l'Inspection générale de la police nationale ou de l'Inspection générale des services, les polices de la police, serait croissant, sans que cela change grand-chose. Aucun des seize dossiers pour violences policières transmis en 2003 à la Commission nationale de déontologie et de sécurité, commission que l'on dit indépendante, n'a abouti sur le bureau d'un procureur!
Ce rapport conteste donc "la légalité des contrôles d'identité dits préventifs", en clair sans qu'aucun délit ou infraction ne soient reprochés, et constate en bonne logique que ces contrôles provoquent davantage de troubles de l'ordre public qu'ils n'en préviennent.
Ce rapport recouvre la période où Sarkozy était ministre de l'Intérieur, encourageant les policiers à faire du chiffre, pour laisser croire qu'il prenait à bras le corps les problèmes d'insécurité. La situation dénoncée dans ce rapport ne s'est sans doute pas améliorée depuis. Et elle n'était pas nouvelle. La police est au service de tous, nous dit-on. Sans doute. Mais mieux vaut, quand on croise certains de ces policiers, ne pas avoir le teint un peu trop basané et, quand on est contrôlé, ne pas avoir un nom à consonance exotique.