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Leur société
"Préretraite amiante" à l'Alstom Belfort : Le patron doit payer !
Jeudi 25 novembre, nous étions environ 800 travailleurs à manifester dans les rues de Belfort, à l'appel de tous les syndicats de l'Alstom. Au même moment, une réunion se tenait en Préfecture sur l'éventuelle reconnaissance du site en zone "Amiante" par les pouvoirs publics. Elle permettrait à beaucoup d'entre nous de bénéficier d'une préretraite Amiante. Parmi les manifestants, on comptait une majorité de salariés âgés et beaucoup de licenciés de ces dernières années.
Il y a quelques mois, Sarkozy, lors d'une visite à Belfort, avait laissé entendre que cette reconnaissance était sur le point d'aboutir. Cette quasi-promesse officielle, relayée par les deux députés de droite et en partie par la direction, avait fait naître de nombreux espoirs.
Beaucoup y voyaient la possibilité de quitter l'usine sans connaître continuellement des menaces sur l'emploi, ou être au chômage partiel pratiquement total depuis des mois. Et pour ceux qui ont plus de 50 ans et qui ont déjà été licenciés, c'était la possibilité d'échapper au RMI ou aux ASS.
Mais depuis des mois, les différents ministères se renvoient la balle. Le 25 novembre, à la réunion regroupant organisations syndicales, direction et députés de droite du département, il a été annoncé qu'il manquait encore le feu vert du ministère du Travail et l'avis d'une commission paritaire chargée de donner un avis sur ce classement "Amiante". Bref, on se presse lentement!
Pourtant, cette reconnaissance devrait être une évidence, vu les tonnes d'amiante qui sont passées dans l'usine. Nous nous souvenons tous des sacs de poudre utilisés dans les alternateurs. Une poudre d'amiante qui volait partout, sans aucune protection, sans aucun respect de la législation en vigueur, pourtant peu contraignante. Des plaques, des tabliers, des gants en amiante ont été utilisés couramment pour la soudure, à la chaudronnerie, à la traction, partout dans l'usine. Des barres stators ont été isolées avec un ruban d'amiante jusqu'en 1993, sans protection, sans suivi médical. Cette isolation a été définitivement abandonnée en 1996 suite à un débrayage. Et la direction a été condamnée en justice en 1997 pour non-respect de la législation, après que 25 camarades travaillant sur ces barres stators eurent porté plainte.
Des dizaines de camarades sont morts, d'autres sont malades. Quelques dizaines d'entre eux ont attaqué Alstom en justice. Dans tous les cas, le tribunal des affaires de Sécurité sociale a reconnu "la faute inexcusable de l'employeur".
La direction, après avoir pendant longtemps refusé de donner aux syndicats des informations concernant l'amiante, semble aujourd'hui intéressée par un possible classement du site et se dit prête à coopérer. C'est que l'application de la loi pourrait lui permettre de faire prendre en charge une partie des suppressions d'emplois par les pouvoirs publics et la Sécurité sociale. Une bonne aubaine pour un patron habitué à recevoir de l'argent public, sous forme d'aides de toutes sortes.
Il serait pourtant normal que l'Alstom paie. Mais, en tout état de cause, tous les travailleurs victimes de l'exposition à ce danger devraient pouvoir bénéficier de ces préretraites amiante.