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Leur société
Protection de l’enfance : Injustices et manque de moyens
Dans son rapport 2004 remis le 19 novembre à Chirac, Claire Brisset, qui est à la tête de l'Institution de défense des enfants depuis sa création en 2000, soulève nombre de problèmes dans le domaine de la protection des enfants et des adolescents, problèmes pointés également par le Comité des droits de l'enfant des Nations unies.
L'un comme l'autre dénoncent l'insuffisance des moyens dont dispose la protection de l'enfance, ainsi que leur inégalité selon les départements puisque, depuis la dernière loi de décentralisation de 1982, elle relève de la compétence des Conseils généraux. Le secteur de l'enfance serait le deuxième poste de dépenses des départements. Les moyens sont globalement insuffisants, mais il existe de plus des disparités importantes dans les aides apportées aux 13,5 millions de mineurs qui vivent en France. L'écart d'un département à un autre, dans le budget consacré aux aides financières par enfant, est de 1 à 200. Claire Brisset regrette qu'il n'y ait "plus, aujourd'hui, de politique unifiée de l'enfance au niveau national" et craint une aggravation avec l'entrée en vigueur de la seconde loi de décentralisation d'août 2004.
À propos de la lutte contre les maltraitances que subissent les enfants, elle déclare, dans une interview au journal Le Parisien du samedi 20 novembre, que "l'école est en première ligne pour aider les enfants. (...) Mais s'il faut plaider pour une meilleure formation des enseignants sur ces questions, on ne peut pas tout demander à l'école qui manque cruellement de moyens et notamment de médecins et de psychologues scolaires." Ce manque de moyens touche l'ensemble des travailleurs sociaux: le rapport réclame par conséquent une amélioration de leur recrutement et de leur formation.
Sont dénoncées encore les conditions d'accueil des enfants handicapés, et en particulier de leur accueil dans le système scolaire. Le gouvernement a certes annoncé son intention d'agir en proposant, entre autres, le recrutement d'assistants d'éducation et d'auxiliaires de vie scolaire, mais, faute de moyens, ceux-ci ne sont pas recrutés et les établissements ne voient rien venir.
Une plainte sur dix adressées, à la défenseure des enfants concerne les mineurs étrangers. Déjà, en 2000, elle avait réclamé la "suppression du recours aux zones d'attente pour les mineurs". Elle revient à la charge sur ce sujet cette année. Elle juge anormal, entre autres choses, que "les enfants qui ne sont pas nés en France ou qui ne sont pas arrivés par la voie du regroupement familial ne bénéficient pas, de ce fait, des prestations familiales. Cette discrimination n'est fondée ni en droit, ni en équité".
L'Institution de défense des enfants n'a certes pas les moyens de régler tous les problèmes soulevés, ni même d'exercer une pression suffisamment efficace sur le gouvernement pour faire aboutir ses propositions. Mais dans cette période où les voix les plus réactionnaires s'expriment sur tous les sujets de société, et où pleuvent des rapports qui proposent des retours en arrière sur tous les plans, droit du travail, droits des chômeurs et autres, celui-ci a le mérite de mettre en lumière des injustices sociales et des carences de l'État.