À la suite de la présentation du rapport Thélot concernant l'avenir de l'école, le ministre de l'Éducation nationale Fillon est revenu à la charge lors de l'émission "100 minutes pour convaincre". On a vu, derrière un discours faussement rassurant, ce que le gouvernement trame.

Il prépare l'opinion en douceur au vote d'une nouvelle loi d'orientation dans l'éducation, censée remplacer celle mise au point par Jospin en 1989 lorsque celui-ci était ministre de l'Éducation nationale. Cela va permettre d'imposer de nouvelles économies. Le gouvernement voudrait en particulier profiter des nombreux départs à la retraite d'enseignants prévus dans les prochaines années pour réduire leur nombre.

Le rôle de Fillon et de ses compères est de faire illusion. Ainsi il prétend vouloir éradiquer cette situation scandaleuse qui fait que 15% des élèves ne maîtrisent pas les "fondamentaux" (lire, écrire, compter) à l'entrée au collège. Par ailleurs, bombant le torse, il se fixe l'objectif de 100% d'élèves quittant le système scolaire avec une qualification. Il annonce de plus son projet de faire entrer la moitié des élèves à l'université.

On ne pourra vraiment pas reprocher à ce Fillon de manquer d'ambition. Mais quand il s'agit d'évoquer les moyens, l'ambitieux se braque, et il n'est alors plus question que de rogner et de faire encore plus d'économies. Il annonce un chiffre de deux milliards supplémentaires, mais sans rien préciser, en donnant la franche impression que le prestidigitateur a sorti ce chiffre de son chapeau.

En revanche, à défaut d'offrir davantage de moyens, Fillon fait de gros efforts pour faire entendre sa volonté de demander davantage de présence aux personnels de l'Éducation nationale, qui seraient à l'entendre des privilégiés. Comme si le travail des enseignants se réduisait à leurs heures de cours! Du coup, Fillon et ses adjoints alternent le chaud et le froid pour préparer en douceur leurs mauvais coups.

Le rapport Thélot évoquait le projet d'obliger les nouveaux enseignants à rester plus longtemps dans les établissements, au-delà des heures d'enseignement. Fillon voudrait "seulement" que tous les professeurs des collèges et des lycées fassent deux heures de cours supplémentaires pour remplacer les enseignants absents, alors qu'il existait il y a encore peu un volant spécialisé de professeurs remplaçants dont c'était la mission.

Augmenter le temps de travail des personnels enseignants sous prétexte de rétablir l'égalité avec les travailleurs d'autres secteurs, telle est la dernière trouvaille de Fillon. Cela indique bien la direction des projets du gouvernement.

Le travail supplémentaire imposé aux personnels de l'Éducation nationale n'améliorerait pas la situation des élèves puisque l'objectif est de réduire le nombre d'enseignants.

Rapport Thélot, messages télévisés, campagne de presse, le gouvernement prépare ses mauvais coups et prépare l'opinion.