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Leur société
CGT : Thibault cache sa passivité derrière celle de la CFDT
L'Assemblée nationale, après le Sénat, a commencé l'examen du projet de loi sur la cohésion sociale, qui vise à rogner sur les droits des salariés, rendant encore plus aisés les licenciements économiques, et plus précaire la situation des salariés qui ont un travail.
Interviewé à cette occasion dans le quotidien économique La Tribune du mardi 23 novembre, Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a déclaré: "J'ai du mal à me faire à l'idée que les organisations syndicales soient si absentes aujourd'hui, alors que l'Assemblée nationale va réformer des aspects très importants du droit du travail." Certes, c'est une "vraie question", comme on dit. Mais cette question, ce sont les travailleurs et les militants qui seraient en droit de la poser aux dirigeants syndicaux, y compris à Bernard Thibault. Pourquoi leur silence, pourquoi leur inertie face aux multiples attaques du gouvernement et du patronat?
Bernard Thibault constate dans cette même interview: "Nous avons bien conscience d'être au coeur d'un affrontement global sur le droit du travail, d'une volonté de flexibiliser et de précariser davantage le marché du travail." Et de conclure: "C'est le gros défi qui nous est lancé." Mais pour refuser de répondre à ce défi, Thibault a invoqué l'attitude des autres confédérations: "Au niveau interprofessionnel, constate-t-il, il y a l'incapacité manifeste à nous mettre d'accord sur des objectifs partagés, et encore moins sur des moyens d'action à développer ensemble. (...)La CFDT considère qu'il existe dans le paysage syndical français deux pôles inconciliables, pour ne pas dire une CGT avec laquelle on ne peut pas faire grand-chose". Et, il conclut: "Ce serait assez suicidaire pour les uns et les autres, compte tenu des prétentions du Medef de s'installer dans un tel schéma. C'est la raison pour laquelle nous ne nous résignons pas à cette situation de division syndicale." Mais cette division syndicale lui sert tout de même d'excuse, comme si elle rendait les salariés impuissants!
Dans le même temps, ces attaques graves du patronat, de la droite et du gouvernement, pourtant eux aussi divisés, ne sont pas freinées. Bernard Thibault a qualifié la soumission au gouvernement et au patronat de la direction de la CFDT "d'attitude suicidaire". Comment qualifier alors la ligne du secrétaire de la CGT qui justifie sa passivité et son inaction par la nécessité d'obtenir l'assentiment de la CFDT, par la nécessité d'un accord intersyndical au sommet?
Et si la base bousculait ces dirigeants paralysés? Thibault n'y a même pas pensé, semble-t-il.