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Côte-d'Ivoire : L'armée française tire et tue
Si les médias français, depuis quelques jours, se sont abondamment fait l'écho des exactions dont ont été victimes les citoyens français résidant en Côte-d'Ivoire -sans parler des neuf militaires tués par les forces armées de Gbagbo-, ils ont en revanche été beaucoup plus discrets sur les violences exercées par les militaires français contre la population ivoirienne.
Pourtant, au jeu de la comptabilité macabre, les "soldats de la paix", comme les qualifie le gouvernement français, ont largement dépassé leurs adversaires.
Dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 novembre, alors que l'armée française venait de détruire les avions ivoiriens en représailles de la mort de ses soldats à Bouake, un cortège de plusieurs milliers de manifestants s'était dirigé vers l'aéroport d'Abdijan, contrôlé par les militaires français. Pour repousser la foule, ceux-ci ont ouvert le feu au canon de 20 mm depuis leurs hélicoptères, en faisant des dizaines de victimes. Le chef d'état-major français lui-même a d'ailleurs dû reconnaître que les soldats français ont blessé et tué en opérant ce qu'il appelle pudiquement des "tirs de sommation".
Trois jours plus tard, les soldats français ont de nouveau ouvert le feu sur une foule en colère à Abidjan, cette fois à proximité de l'hôtel Ivoire.
Il est bien difficile d'avoir une idée précise du nombre de victimes. Même si l'on met en doute le chiffre de 64 morts et de presque 1000 blessés avancé par les dirigeants ivoiriens, d'autres sources font état d'un bilan qui, pour être inférieur, n'en reste pas moins terrible. Selon le comité international de la Croix-Rouge, les seuls affrontements auraient fait au total plus de 600 blessés, et un nombre indéterminé de morts, sans doute plusieurs dizaines.
L'armée française et le gouvernement qui la dirige sont bien mal placés pour donner à quiconque des leçons d'humanisme et de démocratie.