Chine : Grève pour 170% d'augmentation de salaire !18/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1894.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chine : Grève pour 170% d'augmentation de salaire !

Une grève victorieuse s'est déroulée en Chine, début octobre, dans l'immense et moderne "zone économique spéciale" de Shenzhen, sur la côte sud, tout près de Hong Kong. 3000 ouvrières de Computime (composants électroniques) ont arraché à leur patron une augmentation de salaire de 170%. Cette information a paru dans la presse, relayant diverses informations parvenues jusqu'ici.

La colère des ouvrières de cette usine a éclaté à cause des salaires très bas (230 yuans mensuels, environ 23 euros, dans un pays où le salaire minimum est légalement de 610yuans, 61 euros par mois). De ce salaire est automatiquement soustrait le loyer à payer pour un lit dans le dortoir de l'usine et le prix des repas. Mais les conditions de travail mises en lumière grâce à la grève sont également révoltantes: 11 heures de travail par jour, sept jours sur sept, amendes à tout bout de champ, par exemple quand on reste plus de cinq minutes aux toilettes.

Début octobre, les ouvrières se sont organisées pour faire grève: affichettes, tracts, manifestation avec blocage quatre heures durant d'une des plus grandes rues de la ville, ce qui a entraîné un embouteillage monstre et incité la mairie à intervenir auprès du patron. Elles ont obtenu au bout d'un jour et demi de grève 170% de hausse de salaire, lequel parvient ainsi à dépasser quelque peu le minimum légal. Un salaire à rapporter au prix de la petite bouteille de Coca, 5 yuans, ou d'une pizza vendue dans une chaîne à enseigne internationale, 62 yuans!

Dans ces zones industrielles qui emploient énormément de ces milliers de travailleurs migrants venus des campagnes en fuyant la misère, les jeunes ouvriers et ouvrières semblent prendre conscience de la force qu'ils représentent, en particulier dans les grosses unités de production. Malgré la fatigue et la répression des patrons, des directeurs d'usine et des autorités locales, en dépit de l'interdiction des syndicats indépendants de l'État, on entend de plus en plus souvent parler de mouvements de grève et de manifestations. Certains chefs d'entreprise chinois semblent se poser à présent des questions sur ces mouvements qui commencent à répondre à la surexploitation et aux bas salaires qui sont la norme dans les zones spéciales. Une partie d'entre eux ont d'ailleurs déjà commencé à délocaliser la production vers des zones de l'intérieur, dans le Sichuan ou le Shanxi, où les salaires versés pourraient rester encore plus bas et les conditions de travail imposées encore plus dures. Jusqu'à ce que les travailleurs de ces régions montrent les dents...

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