La Poste : Offensive contre les emplois... des syndicats signent un quitus à la direction !10/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1893.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : Offensive contre les emplois... des syndicats signent un quitus à la direction !

Lundi 8 novembre, le quotidien économique La tribune rendait public le plan de la direction de La Poste qui voudrait accélérer le processus de restructuration générale de l'entreprise. Le but affiché est d'économiser massivement sur "les frais de personnel", c'est-à-dire les emplois, en remettant en cause également ce qui constitue l'activité des 17000 bureaux de poste existant dans le pays.

Le président de La Poste, nommé par le gouvernement, Jean-Paul Bailly, a déclaré que le bénéfice de l'entreprise, 202 millions d'euros, était nettement insuffisant. Pour lui cela ne correspond en effet qu'à 1,1% du chiffre d'affaires qui est de 18 milliards d'euros. Son engagement est qu'en 2007 La Poste doit réaliser "une performance économique comparable à celle des autres compétiteurs".

Dans la continuité d'une politique entamée depuis des années, La Poste, qui compte près de 315000 salariés (dont un tiers de non-fonctionnaires), supprime partout des emplois. Pour arriver à rentabiliser au maximum les différentes activités, en vue d'une probable privatisation des secteurs les plus juteux, on assiste à des réorganisations continuelles, qui vont jusqu'à la fermeture de centres de tri, de services financiers et de bureaux de poste. À chaque fois, il s'agit de supprimer le maximum d'emplois possible. Le résultat: des licenciements de CDD, ou même de contractuels en CDI, surtout en province, des conditions de travail aggravées pour tous ceux qui restent et un service de plus en plus défaillant pour les usagers ordinaires. Les entreprises ont droit, elles, à un traitement privilégié.

C'est pour accélérer ce processus que La Poste, sur les injonctions du gouvernement, étudie, en plus de toutes les autres mesures en cours, la déconnection totale des services bancaires et financiers d'une part, et du traitement du courrier d'autre part, avec la création d'une "banque postale", tout cela devant faciliter la suppression du maximum de bureaux de poste et de toute une série de services existants. Encore une fois, le but revendiqué par les dirigeants de La Poste est de diminuer "le poids des charges de personnel" qui se montent à 11,4 milliards d'euros, soit 63% du chiffre d'affaires annuel. Et cela sans parler de l'avenir des retraites que les dirigeants de l'entreprise disent ne pas pouvoir supporter à l'avenir, avec le départ annoncé de 100000 personnes à la retraite d'ici 2012.

C'est ce moment qu'ont choisi une partie des syndicats, CGT en tête (premier syndicat de l'entreprise), pour signer avec empressement l'accord proposé par la direction de La Poste sur "la relation sociale au Courrier". La direction annonce la couleur dans le préambule de son accord: "La Poste connaît aujourd'hui un contexte particulier face auquel elle doit faire des choix difficiles qui engagent son avenir et sa capacité à remplir dans des bonnes conditions ses missions de service public". Certes, il est donné acte aux syndicats signataires (tous sauf SUD et la CGC), que cet "accord ne constitue pas une approbation" de la politique de La Poste, mais une fois cela dit, "les parties choisissent de travailler ensemble pour définir une nouvelle vision de la relation sociale au Courrier".

En échange d'une multitude de "chantiers de négociations" sur tout et n'importe quoi, mais pas sur l'essentiel, pas sur les suppressions d'emplois dans l'entreprise, ni même au Courrier, les syndicats vont servir de paravent aux attaques bien réelles, qu'elles soient en cours ou à venir. En fait d'engagements "concrets", en dehors d'une malheureuse prime exceptionnelle de 150 euros, il n'y a rien. Car même l'annonce de la résorption des emplois à temps partiel imposé n'est envisagée que pour 2007. D'ici là, bien d'autres emplois risquent d'avoir été "résorbés"! Quant aux CDD, "les indicateurs de suivi du taux et du nombre de CDD seront à disposition des organisations syndicales". C'est dire!

Ce qui est implicite, mais bien réel à travers cet accord, c'est que les syndicats vont s'occuper à fond de leurs "chantiers" de négociations bidon, au lieu de mettre leur énergie à préparer le personnel à répondre avec succès aux attaques de la direction. Après la SNCF, les dirigeants des syndicats signataires, dont la CGT, ont tenu à faire la démonstration, dans un secteur comme La Poste où ils ont une influence certaine, de leur sens des responsabilités vis-à-vis des directions et du gouvernement.

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