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Leur société
Nantes : Familles déboutées du droit d'asile
Le maire Jean-Marc Ayrault fait intervenir la police
À Nantes, obligées de quitter le logement qui les accueillait depuis deux mois, trois familles avec quatre jeunes enfants, déboutées du droit d'asile depuis juin, ont été mises provisoirement à l'abri par le collectif Enfants étrangers citoyens solidaires et le collectif de soutien aux sans-papiers, dans le local municipal de la Maison des syndicats.
Mercredi 27 à l'aube, la police intervenait sur ordre du maire Jean-Marc Ayrault pour "libérer des lieux publics". Deux familles d'origine algérienne ont été mises en garde à vue au commissariat central et menacées d'être mises en centre de rétention en vue de leur reconduite à la frontière. Les deux collectifs de soutien, après avoir manifesté leur indignation devant le commissariat, ont appelé pour le midi même à un rassemblement de protestation devant la mairie. Là, la centaine de personnes présentes ont décidé par un vote à main levée d'occuper la mairie jusqu'à la libération des familles.
Jean-Marc Ayrault étant absent, c'est son directeur de cabinet et l'adjointe aux affaires sociales qui durent faire face à la colère des manifestants. Le comble du cynisme fut atteint lorsque l'adjointe réaffirma "que l'ordre d'évacuation a été donné après avoir cherché en vain une solution d'hébergement provisoire"! Nombre de manifestants présents, dont l'élue municipale Lutte Ouvrière, lui ont quand même rappelé que ce ne sont pas les logements vides qui manquent à Nantes et que la mairie pourrait très bien loger ces familles, si elle le voulait. Quant au directeur de cabinet, inquiet de la tournure que prenaient les événements, il ne cessait de nous dire d'aller manifester devant la préfecture car c'est le préfet qui a le pouvoir de régulariser la situation de ces familles, et non le maire. Selon lui, Jean-Marc Ayrault était intervenu par téléphone auprès du préfet et celui-ci lui avait répondu qu'il ne traitait les dossiers que "cas par cas".
Vers 18heures, on apprenait enfin la libération des deux familles du commissariat. Elles rejoignirent les occupants de la mairie, sous les applaudissements de tous. Mais, le problème de leur logement n'étant toujours pas réglé, il fut décidé de rester sur place jusqu'à ce que la mairie trouve une solution. Le directeur de cabinet, de plus en plus énervé, nous signifia alors que, dans ce cas, les forces de l'ordre allaient venir nous évacuer car nous étions dans un lieu public. En effet, à 18h30, sous les sifflets, les cris et les slogans "Des papiers, un logement, pour tous les sans-papiers", la police procédait, sans ménagement mais non sans mal, à l'évacuation. Un appel à de nouveaux rassemblements le lendemain devant la mairie et la préfecture était alors lancé.
Toute la matinée, la mairie fut interdite au public et les entrées fermées avec surveillance policière. Le soir, à la préfecture, 200 personnes, dont des élus PC, Verts, Alternatifs (faisant partie de la majorité municipale avec Ayrault), étaient présentes pour réclamer à nouveau la régularisation des sans-papiers et un logement. Les deux familles étaient provisoirement logées par le diocèse, dont le responsable était aussi présent pour dire à la presse que cette situation ne pouvait pas durer.
Pour l'instant, la préfecture campe sur ses positions en disant: "pas de régularisation pour ces familles", qui vont dans ce cas tomber sous le coup d'une reconduite à la frontière. Une nouvelle manifestation était prévue mardi 2 novembre au soir devant la préfecture, avec l'intention d'aller en cortège à un débat organisé de longue date par la municipalité sur... "le droit d'asile"!