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Leur société
Amiante : C'est aux patrons de payer !
Le gouvernement annonce pour 2005 un déficit de700 millions de la branche accidents du travail. Il serait lié à l'augmentation des sommes versées aux travailleurs victimes de l'amiante. Celles-ci comprennent les préretraites (Fonds de cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante) et l'indemnisation des victimes par un fonds spécifique.
Ces dépenses augmentent de façon vertigineuse: elles atteindraient 750 millions d'euros pour les préretraites en 2005 et 800 millions pour le fonds d'indemnisation en 2006. Mais ce n'est que le reflet du coût humain des maladies de l'amiante, qui font aujourd'hui près de 3000 morts par an en France. Le gouvernement ne prend pratiquement aucune mesure pour imposer ce surcoût aux patrons. Ils ne sont mis à contribution que pour 15% des sommes des préretraites, la branche accidents du travail prenant le reste en charge.
Pourtant ce sont bien les patrons les principaux responsables des maladies de l'amiante car, dès la découverte des propriétés d'isolation thermique et phonique de ce matériau, ils l'ont utilisé très largement, alors que l'on sut très vite que l'amiante tuait, étant responsable de cancers du poumon, de cancers de la plèvre (l'enveloppe qui entoure les poumons) et d'une insuffisance respiratoire éventuellement mortelle.L'amiante-ciment d'abord, puis l'amiante-isolant utilisé dans le flocage ont fait la richesse de patrons, français entre autres, puisqu'il y eut jusqu'à quarante sites de transformation de l'amiante en France, le principal étant celui de Saint-Gobain qui employait 23000 salariés en 1973.
Si on connaît depuis longtemps les risques, depuis aussi longtemps les patrons ont essayé de les camoufler et, sensible à leurs pressions, le gouvernement a attendu 1977 pour réglementer et 1997 pour interdire l'utilisation de l'amiante. Mais les drames qui lui sont liés sont encore à venir et l'Institut de veille sanitaire et l'Inserm évaluent à 100000 le nombre de décès qui seront provoqués par l'amiante dans les vingt prochaines années.
Les salariés de l'ancienne mine d'amiante de Canari en Haute-Corse, exploitée de 1949 à 1965 et qui employait 350 personnes, dont 50 sont encore en vie, viennent d'obtenir la condamnation, par le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Bastia, de leurs patrons reconnus coupables de "faute inexcusable". Ceux-ci doivent payer 1,5 million d'euros à treize anciens salariés de la mine ou à leur famille. Ce n'est que justice. Mais c'est tous les grands groupes industriels, qui ont pu pendant des décennies empoisonner des centaines de milliers de travailleurs, qui devraient être condamnés de la même façon.