Aux Chèques Postaux, le contact téléphonique avec les titulaires de comptes est particulièrement favorisé, ne serait-ce que par le nombre de lignes et d'employés mis aux différents pools téléphoniques.

Mais, ne nous y trompons pas, si le téléphone a été mis en place en grand au Centre de Chèques, ce n'est pas pour aider le titulaire de compte dans ses démarches, mais pour favoriser ce que la direction appelle le commercial: elle incite les employés à profiter de chaque appel pour proposer un produit financier ou une assurance. Elle a donc mis au point une stratégie pour «appâter» l'usager de La Poste.

Mais pour cela il lui fallait aussi se débarrasser de ce qu'elle appelle les «appels pollueurs». Pour la direction commerciale des Chèques, un «pollueur» c'est un titulaire de compte qui a des problèmes de chèques impayés ou de régularisation de compte et qui ose téléphoner à plusieurs reprises. Si ce titulaire de compte n'a pas compris la teneur des documents qui lui ont été envoyés, ni la procédure à suivre et qu'il continue de téléphoner au Centre, il mérite, pour la direction, des sanctions.

Donc, pour le dissuader d'occuper une ligne où un client plus fortuné pourrait appeler et effectuer une opération juteuse pour La Poste, celle-ci a trouvé la riposte: elle a mis en place une taxe de 1,92 euros en plus du coût de la communication.

Pour l'instant cette taxation n'est ni automatique ni obligatoire. Elle est laissée à la discrétion du personnel qui, visiblement, répugne à l'utiliser contre cet usager de La Poste qui a forcément des difficultés de fin de mois. En laissant cette taxe aux oubliettes, le personnel fait preuve, lui, de coeur et de raison.