Lundi 18 octobre, des travailleurs de plusieurs sociétés de nettoyage (Onet, ISS Abilis, Arcade, Saten, Sin et Stes, etc.) s'étaient donné rendez-vous à Grenoble pour se rendre à une manifestation devant le Medef à Lyon.

L'appel à la grève a été bien suivi. Beaucoup, ce jour-là, n'ont pas nettoyé les locaux des grandes entreprises de la région: Atofina, Schneider, STMicroelectronics, le CNRS... Et les deux cars pour se rendre à la manifestation se sont remplis sans problème.

Cette action, à l'appel de la CGT, s'inscrivait dans le cadre d'une journée nationale d'action pour réclamer un treizième mois. Cette revendication est commune depuis longtemps à tous les travailleurs du nettoyage. En 2001, ceux de l'entreprise ISS Abilis, travaillant dans plusieurs usines de l'agglomération grenobloise, avaient fait grève pendant un mois et avaient obtenu une prime, mais elle était loin de représenter un 13e mois. Les patrons promettaient à l'époque d'ouvrir des négociations pour intégrer cette prime à la convention collective, prime qui est déjà donnée à l'encadrement et au personnel de bureau.

Alors que les patrons n'ont rien lâché depuis, ils viennent de proposer aux organisations syndicales une prime de 100 euros, versée au prorata du temps de travail... pour 2006! Cette nouvelle a été prise comme une véritable provocation, surtout qu'une grande partie de la profession subit les temps partiels imposés. Comme l'a fait remarquer un délégué, "nous ne sommes pas des mendiants, nous ne voulons pas de cette aumône qui s'élèvera pour une salariée à mi-temps à moins de 20 centimes par jour!"

À Lyon, où environ deux cents grévistes se sont retrouvés, une délégation a été reçue par le Medef. Les grévistes ont bien conscience que c'est l'ensemble du patronat, à commencer par celui des plus grandes entreprises, qui est responsable de leurs conditions de travail. Ils ont dénoncé la sous-traitance du nettoyage au plus offrant, cette "délocalisation sur place", pour celui qui les exploitera le mieux en faisant encore plus de profits avec leur sueur.

Cette action qui regroupait plusieurs entreprises est une première, dans un secteur où les salariés sont très dispersés, soumis à l'arbitraire des chefs. Mais chacun est reparti satisfait de cette manifestation très dynamique, en se disant qu'il faudra être encore plus nombreux la prochaine fois.