AZF : Trois ans après l'explosion, un bilan accablant23/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1886.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

AZF : Trois ans après l'explosion, un bilan accablant

"Trois ans après, ici rien n'est réglé" affirme une banderole de 10mètres sur 20 accrochée sur le bâtiment B de la Cité du Parc à Toulouse. Contrairement aux discours officiels, pour les 1000 habitants de cette cité, la galère continue. Le bâtiment B, condamné par la mairie de Toulouse à la démolition, est interdit d'habitation, mais toujours debout, parce que c'est... aux propriétaires de payer l'addition. Les volets qui battent les soirs de grand vent continuent à hanter le quartier, et quand la tempête en a fait tomber trois, c'est par chance qu'il n'y avait personne dessous. Les travaux sont arrêtés depuis un an pour les trois autres bâtiments, et ils ne peuvent recommencer, les entreprises exigeant une révision des prix, que TotalFinaElf refuse.

C'est sans doute là que les dysfonctionnements sont les plus visibles. Mais c'est l'ensemble qui est révoltant. Les habitants des quartiers du Mirail, d'Empalot n'ont pas oublié que les dégâts occasionnés par l'explosion dans le centre-ville ont été intégralement réparés, eux, et dans les jours qui ont suivi l'explosion. Et ils ne sont pas près d'oublier l'attitude des dirigeants du trust TotalFinaElf qui, encore aujourd'hui, refusent d'admettre que c'est leur négligence et leur irresponsabilité qui ont été la cause d'un drame vécu par des dizaines de milliers d'habitants des quartiers populaires. Aujourd'hui encore, ils affirment que l'on ne connaît toujours pas la vérité sur les causes précises de l'accident, alors que c'est toutes leurs politiques de réduction d'effectifs, de sous-traitance généralisée et de sécurité minimum dans le secteur qui a explosé qui sont en cause. Et tout cela pour retarder encore au maximum le terme d'une enquête qui n'en finit plus. Cela permet aussi à des scribouillards en mal de vente de papiers de reparler régulièrement de la thèse de l'attentat, ou de l'acte de malveillance, ou de l'arc électrique, ou de tout ce qu'on veut, mais surtout pas de la responsabilité évidente du trust TotalFinaElf.

Au final, ce sont les victimes, salariés et sinistrés, qui ont payé ou qui paient encore la note. Quant au seul et unique responsable de la catastrophe, le trust TotalFinaElf, cela va très bien pour lui et ses actionnaires. Ses bénéfices se sont montés à 50 milliards de francs l'année de la catastrophe (malgré la catastrophe de l'Erika), et ont augmenté régulièrement chaque année, malgré l'explosion de l'usine AZF, malgré les 31 morts, les milliers de blessés, les dizaines de milliers de sinistrés ou de travailleurs qui ont perdu leur gagne-pain.

Les salariés travaillant sur le site ou à proximité ont payé la note en étant les premières victimes, puis en subissant de nombreux licenciements. Il y en a eu autour d'un millier sur le pôle chimique, si l'on compte les sous-traitants. Et si l'on compte les nombreuses petites entreprises industrielles, commerciales et artisanales qui ont disparu, c'est encore bien plus de travailleurs qui ont perdu leur emploi. Combien en ont retrouvé? À quelles conditions?

Quant aux quartiers touchés par l'explosion, il n'y a pas que les logements qui ont été soufflés, mais l'ensemble de la petite vie économique de ces quartiers. Et cette crise économique se double d'une crise immobilière majeure. Au bilan les riches sont plus riches, les pauvres sont plus pauvres, la jungle a repris ses droits ou plutôt ne les a jamais perdus.

Pour le troisième anniversaire, sur le "Rond-point du 21 septembre" trois cents personnes se sont retrouvées, combatives, pour affirmer qu'elles ne veulent pas en rester là et veulent voir condamner "le crime industriel" de Total.

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