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Leur société
Hôpital d'Argenteuil (95) : En cessation de paiement pour étranglement financier
Vendredi 10 septembre, le conseil d'administration de l'hôpital d'Argenteuil a tiré une nouvelle fois le signal d'alarme sur sa situation financière catastrophique: le déficit cumulé atteint désormais 16 millions d'euros, et depuis le 1er septembre, une partie des fournisseurs n'est plus payée.
En fait, la situation financière de cet hôpital du Val-d'Oise, qui emploie 2200 salariés pour officiellement plus de 850 lits, est depuis longtemps dans le rouge. Déjà en 2003, l'hôpital n'avait pas pu payer ses médicaments à partir du mois de novembre, le règlement des factures de pharmacie avait été reporté au début de 2004, et le déficit atteignait déjà 9 millions d'euros. Précédemment, pendant l'été 2002, à la veille des vacances d'été, l'hôpital, faute de personnel suffisant, avait fermé son service de pneumologie et avait réduit sa capacité d'accueil de 100 lits dans les autres spécialités. À l'époque, le personnel avait dénoncé la fermeture des services au détriment des urgences qui ne désemplissaient pas, les box de 8m² où on plaçait jusqu'à quatre malades, l'attente qui variait de quatre heures à trois jours selon la gravité, sans compter les malades qui étaient transférés dans des établissements situés à plusieurs dizaines de kilomètres de leur domicile, faute de place.
La maladie -le manque de moyens humains et financiers- est donc depuis longtemps chronique, mais devient insupportable. D'autant que le nombre d'hospitalisations dans cet hôpital ne cesse de croître. À cause de la fermeture des cliniques d'Argenteuil, l'activité a fortement augmenté, de 10% en un an, entraînant nécessairement une augmentation des dépenses. Mais parallèlement, les dotations financières décidées par l'ARH, l'Agence régionale d'hospitalisation, n'ont jamais suivi, aggravant année après année ce qu'elle ose appeler "le déficit".
D'ailleurs, de ce côté, l'hôpital d'Argenteuil n'est malheureusement pas le seul qui souffre d'un cruel manque de moyens financiers. Il manquerait dans les hôpitaux d'Ile-de-France la somme de 200 millions d'euros pour équilibrer leurs comptes. Ceci sans tenir compte des hôpitaux de l'Assistance Publique, qui regroupe dans la région parisienne la majorité des lits publics.
Début juin, l'ARH a promis de débloquer pour l'ensemble de ces hôpitaux une enveloppe globale de 90 millions, sans préciser le montant que chacun des établissements de soins prioritaires recevra. Mais ces millions ne seront débloqués que contre la signature d'un "contrat de retour à l'équilibre financier" d'ici 2008. Autrement dit, l'ARH accepte généreusement de débloquer 90 millions contre la promesse des gestionnaires des hôpitaux d'en économiser au moins autant, avec les conséquences que tout le monde imagine.
Le langage de l'ARH parle de lui-même: "Équilibre du budget", "efforts en termes de productivité", "déficit cumulé"...
Les mots "malades", "urgences", "santé", "personnel soignant" n'existent plus.