- Accueil
- Lutte ouvrière n°1884
- Un nouveau médicament Sanofi : Efficacité virtuelle, mais résultats financiers assurés
Leur société
Un nouveau médicament Sanofi : Efficacité virtuelle, mais résultats financiers assurés
Sanofi-Synthélabo, un des géants de l'industrie pharmaceutique, celui qui s'apprête à fusionner avec Aventis, un autre géant, pour former ensemble le numéro 3 mondial des trusts du médicament, vient d'annoncer une envolée de ses profits. Pour les six premiers mois de l'année 2004, ceux-ci atteignent 1,1 milliard d'euros, soit une augmentation de plus de 20%.
Et Sanofi compte bien que cela dure. Il a dans ses cartons un médicament, le Rimonabant, qui permettrait, à la fois, véritable merveille, d'arrêter de fumer et de perdre du poids. Fin 2003, une étude sur plusieurs centaines de fumeurs avait démontré son efficacité pour l'aide au sevrage du tabac. Au tout début de ce mois, une autre étude vient de démontrer son efficacité sur la perte de poids et, encore un "plus", son effet protecteur contre les maladies cardio-vasculaires. Cela a suffi pour que le Rimonabant soit à la Une des journaux du monde de la finance. Ils parlent déjà d'un chiffre d'affaires potentiel situé entre 1,5 et 5 milliards d'euros par an. Les boursicoteurs s'affolent.
Pourtant les essais cliniques sur le médicament n'ont été menés que sur quelques petits milliers de patients, 1507 exactement, pour l'étude sur son effet amaigrissant, répartis dans soixante centres en Europe et aux États-Unis. C'est très peu au regard des dizaines de millions de personnes en surpoids susceptibles d'en prendre un jour. C'est trop peu en tout cas pour juger des effets secondaires éventuels de ce médicament. D'autres médicaments avant celui-là, après de premiers résultats satisfaisants, n'ont jamais été commercialisés parce que des essais sur un nombre de personnes plus important ont montré qu'ils entraînaient des effets secondaires redoutables. D'autres encore ont été retirés du marché au bout de quelques mois, voire années, parce que ces effets secondaires ne sont apparus que tardivement ou qu'on ne les a décelés que trop tard.
Peu importe. C'est une des aberrations de ce système de production. Un produit n'a finalement même pas besoin d'être vendu pour rapporter gros. Il lui suffit d'être "prometteur". En attendant, l'action Sanofi grimpe, la fortune des actionnaires grandit encore.