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Dans les entreprises
PSA Rennes : Intox à l'embauche
La presse, unanime, vient de saluer "l'embauche" de 500 personnes à l'usine PSA de Rennes. Elle n'a vraiment pas grand-chose à se mettre sous la dent pour essayer de redonner confiance aux salariés confrontés au chômage et aux chantages à l'emploi des patrons.
Car en fait, de quoi s'agit-il ?
Ces derniers mois, l'usine de Rennes a embauché 2400 salariés pour assurer le lancement de la nouvelle Peugeot 407. Ces embauches ont été réalisées soit par des contrats à durée déterminée, soit par des contrats d'intérim, et les frais liés à ce recrutement ont été en grande partie assurés par l'ANPE, l'agglomération rennaise et le Conseil régional.
Un grand nombre de ceux qui ont été pris étaient déjà venus dans l'usine pour assurer le lancement de la Citroën C5. Depuis, ils avaient été remerciés. PSA puise autant qu'il en a besoin dans une population de travailleurs précaires qu'il garde en réserve et qui travaillent de façon épisodique dans l'usine depuis de nombreuses années.
Pour faire face aux prétentions de production de leurs patrons, les cadres de l'usine augmentent les cadences, au détriment d'ailleurs de la qualité des voitures qui, pour beaucoup d'entre elles, terminent en "bout d'usine" pour être retouchées car elles passent trop vite sur les lignes pour que le montage se fasse correctement!
Pour atteindre son objectif, PSA ne prévoit pas de construire de nouvelles lignes de montage. Ce qui est envisagé, c'est de faire tourner l'usine sept jours sur sept et de multiplier le travail de nuit.
Au moindre pépin d'approvisionnement, la direction annule des journées de travail, les reporte de telle sorte que, pour un ouvrier du montage, une journée de travail, c'est de la production en continu aux cadences imposées. Alors, les tendinites, les accidents se multiplient, en particulier chez les intérimaires à qui la direction donne les postes les plus durs à tenir.
Cette tension organisée par l'encadrement se répercute sur l'ambiance de travail et la maîtrise est très souvent amenée à modifier les conditions de production pour désamorcer le mécontentement et éviter les risques de débrayage.
Pour atteindre ses objectifs, PSA veut aussi rajeunir la population de l'usine car, pour suivre le rythme, il vaut mieux avoir 25 que 50 ans. Il lui faut se séparer au plus vite de ceux qui ont du mal à suivre et Peugeot serait en train de négocier un nouveau plan de retraite anticipée, avec la perspective d'équipes de travail plus jeunes, avec des salaires plus bas et une meilleure productivité.
Ces fameuses embauches sont, bien sûr, une bonne chose pour ceux qui en bénéficient et qui travaillaient déjà dans l'usine en espérant cette embauche.
Mais dans les ateliers, sur les lignes de montage, l'opinion dominante est de considérer que ce n'est pas 500 embauches définitives qu'il faudrait, mais au moins celle de tous ceux qui travaillent en ce moment dans l'usine et qui souhaitent être pris.
Mais justement, PSA n'en veut pas. La direction se sert de la précarité pour faire pression et essayer d'obtenir le maximum de productivité de tous ces jeunes travailleurs qui aspirent à un travail stable.
Les discours dans la presse et les déclarations au personnel ne trompent personne. Chacun voit chaque jour que l'essentiel des préoccupations du PDG Folz n'est pas l'emploi: c'est la diminution des revenus du travail, pour satisfaire l'insatiable besoin de profits des actionnaires et en particulier de la famille Peugeot.