Arabie Saoudite : Le visage hideux d'un allié de l'impérialisme09/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1884.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Arabie Saoudite : Le visage hideux d'un allié de l'impérialisme

"Conditions de travail et d'exploitation inimaginables" : un rapport de l'organisation de défense des droits de l'homme "Human Rights Watch" vient de donner une idée de la façon dont sont traités les travailleurs immigrés en Arabie Saoudite.

On découvre le véritable enfer auquel sont soumis ces 8millions de travailleurs, pour la plupart originaires d'Asie ou d'Afrique, et qui représentent un tiers de la population totale du pays. Ces travailleurs se retrouvent pieds et poings liés face à leurs employeurs, privés de tout recours. Si l'esclavage a été officiellement aboli en Arabie Saoudite en... 1962, les travailleurs immigrés continuent de subir "des formes d'exploitation extrêmes, qui parfois s'y apparentent."

Les témoignages font état des horaires démentiels, des pauses inexistantes, des heures supplémentaires non payées, des mois entiers de salaire volés et des mauvais traitements. Pour ne citer que quelques exemples, des travailleurs venus du Bengladesh "travaillaient de 10 à 12 heures par jour, et parfois toute la nuit, sans que les heures supplémentaires soient comptées, à réparer les canalisations souterraines pour la municipalité de Tabuk". Ils n'avaient pas été payés les deux premiers mois et "durent emprunter de l'argent à des compatriotes pour se nourrir". Un Indien raconte qu'il était payé "133 dollars (ce qui correspondant presque au même chiffre en euros) par mois pour une moyenne de seize heures de travail par jour." Un Philippin travaillant dans un restaurant de Hofuf fait état d'horaires de seize à dix-huit heures par jour. Un Bengali, qui travaillait comme boucher à Dammam, "fut forcé par son patron de quitter le pays avec six mois de salaire non payés."

Mais c'est pour les femmes que la situation est la pire. Pour elles s'ajoutent la claustration, l'obligation de demeurer dans des chambrées surpeuplées juste à côté du lieu de travail et, par-dessus tout, les brutalités et les viols répétés de la part d'employeurs qui savent qu'ils peuvent le faire en toute impunité.

À la terreur des patrons s'ajoute celle de l'État, d'autant plus arbitraire qu'elle est couverte du sceau du secret. Les travailleurs étrangers peuvent être arrêtés sur une simple dénonciation de leur employeur, sur un simple soupçon ou sur un caprice. Et ce sont l'isolement, les coups, les tortures, les aveux extorqués dans une langue qu'ils ne comprennent pas et -ce n'est pas rare- les condamnations à mort et la décapitation. Le tout sans que les autorités en informent qui que ce soit, les familles n'apprenant qu'après coup, et parfois jamais, que leur mari, leur femme, leur enfant a été jugé dans un simulacre de procès et exécuté. Combien sont-ils à l'heure actuelle, tenus au secret dans l'attente de leur exécution? Nul ne le sait.

La responsabilité de cet état de fait incombe bien sûr aux classes riches saoudienes et à l'administration, à ces féodaux réactionnaires qui pressurent sans limite des centaines de milliers de travailleurs pour que les royalties du pétrole coulent à flot. Mais le pétrole, s'il enrichit la bourgeoisie saoudienne, enrichit tout autant, et même encore davantage, les actionnaires américains, anglais, français ou autres qui y possèdent des intérêts.

Derrière les barbares saoudiens, et au-dessus d'eux, il y a les barbares occidentaux, qui s'accommodent fort bien de cet état de fait et qui appuient cette dictature assurant le maintien de l'ordre, de leur ordre.

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