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Dans les entreprises
Vivendi : Bénéfices, cadeau fiscal et suppressions d'emplois
Le trust Vivendi vient d'obtenir du gouvernement un cadeau fiscal de 500 millions d'euros cette année, qui se prolongera par la suite pour atteindre 3,8 milliards d'euros au total.
L'impôt sur les sociétés dû par Vivendi devait en principe prendre en compte les profits considérables réalisés par sa filiale de téléphonie Cegetel-SFR qui a réalisé l'année dernière un résultat d'exploitation de 1,9 milliard d'euros, en hausse de 32%. Mais le ministre des Finances Sarkozy, bon prince, s'est montré particulièrement compréhensif et charitable. Vivendi pourra donc déduire de ses impôts des sommes très importantes sous prétexte de pertes affichées par des sociétés d'autres pays dont Vivendi a acheté une partie du capital. C'est ce qui s'appelle dans le jargon des spécialistes de la fiscalité, un "régime fiscal du bénéfice mondial consolidé". Ce que ce régime "consolide" en tout cas, c'est la fortune des actionnaires d'une multinationale française qui affiche un bénéfice net de 260 millions d'euros au premier trimestre 2004.
De ce régime de faveur, d'autres sociétés ont bénéficié. Entre autres: Total, Saint-Gobain, Thomson, Areva (trust du nucléaire), NRJ (radio), Sodexho (trust de la restauration), bref rien que des nécessiteux! En fait toutes les grandes entreprises savent tirer profit de ce régime. Ce n'est pas le premier cadeau fait par l'État à Vivendi puisque du temps du gouvernement de gauche, ce groupe avait été exonéré de 1,2 milliard d'euros d'impôt sur les plus-values lors d'une opération en 1999 sur Pathé et en 2000 pour le rachat de Seagram.
On nous explique que les cadeaux faits aux capitalistes seraient bons pour l'emploi: le ministère des Finances affirme que Vivendi "a pris auprès des pouvoirs publics plusieurs engagements en faveur de la création d'emplois dans des territoires français qui sont touchés par le chômage et par les restructurations industrielles". Vivendi serait-il touché par la grâce? En réalité, les "engagements" sont au nombre de deux, et ils ne donnent pas plus de garantie de créations d'emplois l'un que l'autre.
Le premier promet "la création dans des régions en difficulté d'au moins 1000 emplois en trois ans et 1 500 emplois en cinq ans". En fait, il n'est même pas question pour Vivendi de créer ces emplois, mais seulement de participer financièrement à des "sociétés de reconversion". Or, on l'a déjà vu bien des fois, ces fameuses "reconversions" laissent une grande partie des travailleurs licenciés sur le carreau ou ne leur fournissent que des emplois précaires vite remis en cause.
Quant au deuxième "engagement" de Vivendi, il s'agit d'implanter, à Belfort et à Douai, "via des sous-traitants, deux centres d'appels représentant au moins 300 emplois chacun d'ici juin 2007". Ce que ne précise pas le ministère, c'est le nombre d'emplois que Vivendi aura supprimés ailleurs, directement ou par sous-traitant interposé. Déjà actuellement, les employés d'un centre d'appels de Montrouge (Hauts-de-Seine), chargés notamment des renseignements pour les abonnés de SFR, doivent s'opposer à un plan de suppression de 210 emplois, lié à un transfert dans un autre centre d'appels au Maroc. Le groupe Vivendi ne se sent nullement concerné sous prétexte qu'il s'agit d'une société sous-traitante; c'est pourtant bien lui le donneur d'ordres.
Les engagements de Vivendi en matière d'emplois sont donc illusoires. Et Sarkozy ne l'ignore pas. En revanche, le cadeau fiscal dont il bénéficie, c'est du sérieux. Comme le fait remarquer le Syndicat national unifié des impôts, "avec 500 millions d'euros par an on aurait pu créer 15000 emplois stables et durables sur la base d'un salaire moyen".