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Renaud Muselier en Haïti : Visite sous les coups de feu
Lundi 30 août, le secrétaire d'État français aux Affaires étrangères, Renaud Muselier, en visite à Haïti, a été la cible d'une fusillade nourrie, pendant près de deux heures, alors qu'il se rendait dans un hôpital du quartier particulièrement déshérité de Port-au-Prince, ce véritable bidonville qu'on appelle Cité Soleil.
"Des barrages ont été mis en place pour nous empêcher de sortir" de Cité Soleil, "on était encerclé, on était caillassé" et beaucoup plus que cela puisqu'il n'a pas fallu moins de deux hélicoptères et deux véhicules blindés envoyés par la "Mission des Nations Unies pour la stabilisation d'Haïti" (Minustah) pour dégager Muselier et les officiels qui l'accompagnaient. Selon les agences de presse qui rapportent l'événement, "lorsque la police a tiré en l'air pour disperser les assaillants, certains membres de gangs vivant dans le bidonville ont sorti des armes et ouvert le feu sur la délégation ministérielle". Il s'agissait probablement de "chimères".
Membres des bandes armées de l'ancien président de Haïti, Aristide (renversé en février 2004) et se réclamant toujours de celui-ci, les "chimères" font régner la terreur sur la population misérable de l'île, comme celle de ce bidonville de la capitale (pourtant quadrillée par près de 3000 soldats de l'ONU envoyés là prétendument comme forces de paix). En fait de paix, l'ONU a pour principale mission de permettre à des élections législatives, locales et présidentielles de se dérouler correctement en 2005 et 2006. C'est dans le cadre de cette échéance que l'envoyé du gouvernement français a rendu visite aux dirigeants haïtiens.
Mise à part une minorité de bourgeois et de bureaucrates, la population d'Haïti vit dans des conditions épouvantables, qui la placent parmi les plus pauvres de la planète. De surcroît, elle subit quotidiennement les exactions et les crimes de ces bandes de "chimères" qui, avec ou sans Aristide, exercent contre elle leur arbitraire et leur violence. Mais tout cela n'entre pas dans les préoccupations des grandes puissances en général et du gouvernement français en particulier.
Lundi 30 août, lors de sa tournée officielle, le représentant français a eu chaud aux fesses. Mais en fait, il n'a eu qu'un aperçu, somme toute minime, de ce que vit quotidiennement la population de Cité Soleil et de tant d'autres bidonvilles de Haïti, qui n'ont pas d'hélicoptères pour venir à leur aide.