Ventre à terre, Chirac a foncé rencontrer le président Poutine à Sotchi, en Russie. Crise des otages français en Irak ou pas, raison officielle de son retard sur le chancelier Schröder qui se trouvait déjà sur place, Chirac ne pouvait pas laisser passer une telle occasion de féliciter Poutine, deux jours après l'élection triomphale de son poulain en Tchétchénie.

Cela devient une habitude. En avril dernier, Chirac s'était déjà rendu spécialement à Moscou pour y fêter la réélection de Poutine à la tête de la Fédération de Russie. Il s'y était répandu en compliments sur les progrès accomplis par la Russie sur la voie de la démocratie sous la houlette de Poutine. Et défense de rire, même quand on sait que la réélection de l'hôte de Chirac affichait, par endroits, des scores frisant les 100% des suffrages exprimés. Mais cela a sans doute aidé BNP-Paribas à entrer dans le capital d'une des plus grosses banques russes, RSB. Ce contrat, signé cet été, serait un des plus importants conclus par une firme occidentale ces derniers temps. Au passage, Chirac avait remis la Légion d'honneur au chef de l'état-major russe pour le Caucase du Nord, responsable à ce titre de la répression en Tchétchénie.

Juste avant de s'envoler pour Sotchi, Chirac en a remis une grosse louche. Devant tous les ambassadeurs réunis à l'Élysée, il a tenu par avance à congratuler Poutine "dans ses efforts de réforme et dans sa volonté d'ancrer une Russie forte dans le camp de la démocratie".

Pour l'un et l'autre, la démocratie n'est après tout qu'une feuille de vigne destinée à couvrir des politiques de spoliation et d'asservissement des peuples. Et sur ce terrain, le représentant de l'impérialisme français, garant de la mise en coupe réglée d'une partie de la planète et des peuples qui s'y trouvent, ne peut que s'entendre comme larrons en foire avec le bourreau du peuple tchétchène.