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Dans les entreprises
Suppression de bureaux de poste : La Poste commence par se couper une main !
Près de la moitié des bureaux de La Poste pourraient fermer dans les trois ans qui viennent. Pas assez "rentables!" C'est ce qui ressort du "plan d'évolution du réseau" élaboré cet été.
Le principe en est simple: dans une zone d'un rayon de 12 km environ à la campagne, un seul bureau de poste suffirait. Une partie des autres seront transformés en annexes ouvertes à temps partiel. Quant à ceux qui sont fréquentés moins de 4 heures par jour, La Poste s'en débarrassera sur la mairie ou les commerçants qu'elle pourra trouver, et qui n'effectueront qu'une partie des opérations. Pour le reste, les usagers se déplaceront. Avec ce système, La Poste a vite fait de rayer de la carte les petits bureaux et les emplois de guichetiers qui vont avec. Sur un secteur test où il y avait par exemple six bureaux de village, il n'en reste aujourd'hui plus qu'un. Deux autres ont été transformés en annexes, ouvertes une partie seulement de la journée. On ne peut plus y effectuer que les retraits, les virements sur les comptes et l'achat de timbres. Dans les trois derniers villages, les opérations postales sont désormais prises en charge par des employés communaux ou des commerçants, qui ne peuvent satisfaire les retraits d'argent que jusqu'à 150 euros. Cela s'est traduit par des emplois supprimés et des mutations forcées à des dizaines de kilomètres pour les postiers concernés.
Dans bien des départements, cela ne fait encore que commencer. Dans les Ardennes par exemple, pour 95 bureaux de poste il y a huit agences postales tenues par des employés communaux et trois points-poste chez les commerçants. Cette fois, La Poste a l'intention de passer à la vitesse supérieure. Le président Jean-Paul Bailly aurait commencé par interdire, sous peine de révocation, aux receveurs des bureaux de poste tout contact avec la presse et les élus sur la question, de peur qu'ils fassent des boulettes. Il se réserve la parole, mais c'est uniquement pour répéter que "les 17000 points de contact seront maintenus", ce qui ne dit strictement rien sur le maintien des bureaux de poste puisqu'une épicerie avec "point-poste" écrit dessus ou une agence communale, ce sont des "points de contacts". Ce n'est pas pour rien que les maires ruraux ont commencé à envoyer des milliers de protestations, car ils savent que la prétendue concertation avec eux est un chantage à la suppression pure et simple du service postal si la commune ne le prend pas en charge ou si le maire ne trouve pas un commerçant acceptant de s'en acquitter moyennant une indemnité.
Si la direction de La Poste parvient à appliquer son plan, cela signifierait qu'il ne resterait plus par exemple que 95 bureaux contre 175 aujourd'hui dans l'Hérault, 76 sur 170 en Seine-Maritime. Un peu partout la moitié des bureaux seraient supprimés, et des milliers d'emplois avec. Les habitants des villages se retrouveraient encore plus isolés, notamment les personnes âgées ou tous ceux qui ne pourront faire la dizaine de kilomètres les séparant désormais des services postaux qu'ils avaient sur place. La seule raison de cette dégradation du service rendu à la population, c'est la volonté de supprimer toujours plus d'emplois. La Poste le fait partout. Tout ce gâchis pour que La Poste puisse afficher des bénéfices qui puissent allécher les capitaux privés.
Ils ne savent pas quoi inventer
Pour tenter de justifier les suppressions de bureaux, le président de La Poste affirme que le réseau est aujourd'hui dépassé par l'évolution démographique: "60% des bureaux desservent 26% de la population dans les communes de moins de 2000 habitants et 17% desservent 49% de la population en agglomération de plus de 10000 habitants." C'est le même raisonnement qui fait que les habitants des petites villes voient s'éloigner de plus en plus d'eux leurs hôpitaux, maternités, écoles et autres services publics. Comme si au XXIe siècle la seule chose que l'État avait à dire aux plus isolés des habitants était de se débrouiller pour se déplacer, ce qui est d'ailleurs de plus en plus difficile puisque les gares et les lignes d'autocars ferment aussi...
Cet argument parfaitement fallacieux ne conduit pas La Poste à ouvrir des bureaux là où les queues aux guichets sont une plaie pour tous ceux qui doivent y aller, notamment dans les banlieues ouvrières.