Allemagne : La protestation contre les réformes de Schröder se poursuit26/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1882.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : La protestation contre les réformes de Schröder se poursuit

Pour la quatrième semaine consécutive, des "manifestations du lundi" contre la "réforme" de l'assurance-chômage concoctée par le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder ont eu lieu outre-Rhin le 23 août. Si, selon la police, elles ont regroupé environ 80000 manifestants (contre 90000 la semaine précédente), les organisateurs annoncent, pour leur part, un nombre de participants équivalent.

En tout cas des rassemblements, de tailles très variables, se sont cette fois-ci tenus dans 140 villes, contre 90 une semaine auparavant. Le mouvement de protestation se poursuit donc, même si, pour l'instant, il ne s'élargit pas, tout en conservant sa caractéristique principale: il touche essentiellement les villes de l'ex-Allemagne de l'Est. C'est là en effet que sont concentrés la majorité des chômeurs concernés par la réforme de l'assurance-chômage: on a ainsi pu voir, à la télévision, des chômeurs en fin de droit qui touchent à l'heure actuelle environ 500 euros expliquer qu'ils n'en toucheront plus que 350 après l'entrée en vigueur de la réforme le 1er janvier prochain.

Le Parti Social-Démocrate (SPD) et ses alliés Verts au gouvernement continuent à répéter qu'ils ne céderont pas et que l'État fait déjà de gros efforts financiers pour subventionner l'est de l'Allemagne, spéculant ainsi sur la division, réelle ou supposée, qui peut exister entre "Wessis" (Allemands de l'Ouest) et "Ossis" (Allemands de l'Est).

Le mécontentement est peut-être limité et les travailleurs de l'Ouest ne sont peut-être pas prêts à se joindre aux protestations, mais les dirigeants de la Fédération Syndicale allemande (DGB) se gardent bien d'organiser le mécontentement. Le président de la DGB, Michael Sommer, a tenu à mettre en garde les manifestants en soulignant "le rôle trouble de l'extrême droite" dans l'agitation en cours. Ce qui est justement le meilleur moyen de laisser le terrain de la contestation sociale à l'extrême droite. Les dirigeants syndicaux se contentent de proposer leurs services pour aider les chômeurs à remplir le questionnaire permettant de recevoir les allocations-chômage!

Pourtant le mécontentement contre les réformes gouvernementales risque bien de s'exprimer dans les urnes. Car des élections sont prévues à la rentrée: régionales dans la Sarre le 5 septembre, et dans deux länder de l'Est (Brandebourg et Saxe) le 19 septembre; municipales en Rhénanie du Nord-Westphalie (le Land qui englobe la région industrielle de la Ruhr) le 26 septembre. Tous les sondages indiquent que le SPD va, vraisemblablement, y prendre une nouvelle claque électorale. Mais ce ne sera pas la première. Lors des récentes Européennes, il n'a ainsi obtenu que 21,5% des voix, son score le plus bas depuis 1953 dans une élection nationale! Mais ce n'est pas cela qui le fera céder. Les dirigeants du SPD sont prêts à perdre toute une partie de leur électorat et de leur crédit pour satisfaire les aspirations de la bourgeoisie. Ils l'ont montré bien des fois dans le passé.

Mais si, pour l'instant le mouvement de protestation ne s'élargit pas dans la rue, ses dirigeants craignent tout de même qu'il ne fasse tâche d'huile, d'autant que l'offensive antiouvrière est ininterrompue depuis la réélection de Schröder en 2002.

Ainsi, après l'offensive de Siemens et de bien d'autres pour obtenir une augmentation - gratuite - du temps de travail, c'est la direction de Volkswagen qui, par la voix de son chef du personnel Peter Hartz, qui n'est autre que l'instigateur de la réforme de l'assurance-chômage, vient d'annoncer son intention de geler pendant deux ans les salaires de ses 103000 salariés. Avec l'objectif affiché de baisser ce qu'il appelle le "coût du travail" de 30% d'ici à 2011. En tout cas, les travailleurs de l'ensemble de l'Allemagne, chômeurs comme actifs, auraient intérêt à manifester et protester ensemble. Contre toutes les attaques, gouvernementales comme patronales.

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