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- Lutte ouvrière n°1881
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Michelin – Clermont-Ferrand (63) : Bénéfices et suppressions d’emplois
La direction du groupe Michelin a annoncé fièrement vendredi 30 juillet -au cours d'une conférence de presse à Paris- les résultats du premier semestre, qu'elle qualifie " d'excellents ", tout en prévoyant que ceux de l'année seront très bons. Mais à quelles conditions pour les travailleurs ?
Les bénéfices ont continué à progresser, de 8,9%. Michelin ne cache pas sa joie de gagner de plus en plus de parts de marché, de l'Amérique du Nord en passant par le Brésil, et de l'Europe centrale jusqu'en Chine.
Les ventes de pneus rechapés sont, elles aussi, en pleine expansion, tout comme ceux pour voitures de tourisme ou pour poids lourds, surtout aux USA.
Pourtant, la production se fait avec des effectifs qui se réduisent constamment. Ainsi, il y a quelques semaines, c'est d'abord aux journalistes que la direction annonça la suppression de 2 900 postes dans la Manufacture, c'est-à-dire l'ensemble des usines Michelin en France. Tous les sites seront touchés, particulièrement Poitiers, avec moins 194 postes, Bourges, moins 313, et Clermont-Ferrand, moins 1900.
Suite à cette annonce, l'action Michelin a augmenté de 4% ! Et au même moment, on apprenait qu'Édouard Michelin s'attribuait une augmentation de salaire de 146%, devenant le deuxième patron le mieux payé de France. En effet en 2001 il a touché deux millions d'euros. En 2002, 2300000 euros. En 2003, 4260000 euros (soit près de 76700 F par jour), la paie de 300 smicards !
Michelin ne cache pas qu'il veut encore améliorer ses bénéfices, alors que les effectifs continuent à baisser. Moins d'un départ en retraite sur deux sera compensé par une embauche. Édouard Michelin se vante d'avoir embauché 1000 personnes à Clermont-Ferrand en 2003, mais dans le même temps il a supprimé près de 3000 postes.
Cela aggrave forcément les conditions de travail puisque la productivité augmente. Qu'il s'agisse des usines de Bourges ou de Cholet, ou des sept usines de Clermont-Ferrand, les travailleurs subissent des réorganisations incessantes.
C'est le chantage aux délocalisations en Europe centrale -Pologne, Roumanie- ou au Brésil et en Chine. C'est aussi la flexibilité accrue, avec des changements de planning au dernier moment, sous prétexte de commandes urgentes. Et tant pis pour les ouvriers si cela bouleverse leurs jours de congés prévus, ou les oblige à venir à l'usine les samedis ou même des dimanches supplémentaires. Quand il y a moins de travail, c'est le chômage technique. Quand le travail augmente, ce sont des week-ends qui disparaissent.
C'est aussi l'externalisation, une pratique qui se répand dans les grandes entreprises. Ainsi Michelin a décidé de transférer à IBM l'ensemble de son service informatique, soit environ 500 personnes, dont plus de la moitié à Clermont-Ferrand. Très inquiets, les travailleurs de ce service ont fait grève, cadres compris, et manifesté dans l'usine des Carmes pour obtenir des informations et des garanties sur leur avenir. Pour le moment, ils font le même travail, mais ils ne font plus partie du personnel Michelin. Ce transfert a coûté à Michelin la modique somme d'un milliard de dollars, qu'il a mis sur la table sans la moindre difficulté.
Quant aux salaires, les chiffres sont indécents : 1,5% d'augmentation au 1er juin pour les ouvriers avec, en plus, une augmentation individuelle de 0% à 0,9% ! Les cadres ont droit, eux, à 3,2% d'augmentation. L'inflation étant officiellement de 2,1%, c'est donc une perte du pouvoir d'achat que subissent les ouvriers.
Ceux qui restent dans les ateliers et les bureaux -rappelons qu'en vingt ans les effectifs clermontois sont passés de 30000 à 15000 salariés- viennent d'être avertis qu'il faudra augmenter la production de 20% d'ici 2007.
Mais à force d'augmenter la pression, le numéro un mondial du pneumatique pourrait bien voir éclater la colère.