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Dans le monde
Israël : Des milliers de Palestiniens détenus dans des conditions odieuses
Dimanche 15 août, environ 1500 prisonniers palestiniens détenus en Israël ont commencé une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention.
La grève a commencé dans les prisons de Nafha et d'Eshel dans le Neguev et dans celle de Hadarim, au nord de Tel-Aviv. Les grévistes espèrent entraîner dans le mouvement la majorité des 7500 à 8000 détenus palestiniens.
Depuis le début de la seconde Intifada en septembre 2000, d'après un rapport de la Ligue des Droits de l'Homme datant de 2003, les conditions d'arrestation et d'incarcération se sont détériorées " à un niveau jamais connu jusque-là ".
Beaucoup de prisonniers attendent d'être jugés. D'autres n'auront même pas droit à un semblant de procès : ils ont été placés par un juge militaire en détention administrative, indéfiniment renouvelable de six mois en six mois.
Les conditions de vie sont épouvantables : à Nafha, en octobre 2003, 800 prisonniers étaient parqués dans des tentes, dans le désert, sans aucune protection contre les changements extrêmes de température. La nourriture est de mauvaise qualité, les sanitaires très insuffisants : en mai 2004, les détenus de Hadarim ont déjà fait grève pour protester contre le fait qu'il n'existait que quatre bains pour chaque section de 60 prisonniers. Les soins médicaux sont plus que négligés et les détenus protestent contre la " rétention de médicaments ".
Lors des arrestations ou en prison, la violence est permanente. La Cour suprême d'Israël admet d'ailleurs officiellement l'utilisation de la torture, " en cas de danger imminent et particulièrement grave. " Les prisonniers sont battus, privés de sommeil, injuriés, victimes d'agressions sexuelles, humiliés par des fouilles au corps, chaque fois qu'ils entrent ou sortent de leur cellule. Les protestations sont réprimées à coups de gaz lacrymogènes et les meneurs mis à l'isolement parfois pour des mois et même des années, selon le Comité des familles de détenus. Il s'agit non seulement de briser toute rébellion, mais aussi de " retourner " les prisonniers et d'en faire des collaborateurs de la police : les " repentis " sont, selon la Ligue des Droits de l'Homme, très utilisés et bien rémunérés (1000 dollars par mois) lors des procès.
Enfin, les visites se font dans des conditions très difficiles : les parents sont séparés des détenus par une paroi de plexiglas qui permet à peine de voir et d'entendre. Mais de plus, beaucoup de prisonniers n'ont pas droit aux visites, depuis plusieurs mois, pour " raison de sécurité ".
Les grévistes demandent donc le rétablissement du droit de visite, ou au moins la disposition d'un téléphone pour communiquer avec leur famille. Les autorités pénitentiaires refusent ; elles ont même suspendu les visites pour tous dans ces prisons et supprimé télévisions et radios.
Le ministre de la Sécurité intérieure a dit n'être prêt à aucun compromis et a osé déclarer : " En ce qui me concerne, ils peuvent faire la grève un jour, un mois, et même mourir de faim. "
Les grévistes, eux, en appellent à la généralisation du mouvement et au soutien de l'opinion publique : à Gaza, plus de 3000 personnes ont participé à une marche, en solidarité avec les prisonniers.
Le régime imposé aux détenus par les autorités d'occupation est odieux et inacceptable, tout comme l'occupation elle-même.