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Dans le monde
Burundi : Nouveaux massacres
Le camp de réfugiés de Gatumba, au Burundi, situé tout près de la frontière de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre), a été la cible d'attaques meurtrières. Près de 160 hommes, femmes, enfants, vieillards d'origine Banyamulenge, des Congolais d'ethnie Tutsie, ont été sauvagement massacrés et atrocement mutilés dans la nuit du 13 au 14 août.
Des opposants Hutus burundais hostiles au processus de paix de leur pays, aidés d'anciens miliciens Hutus qui avaient participé au génocide au Rwanda en 1994, et depuis réfugiés dans l'est du Congo, seraient à l'origine de cette énième tuerie. Ce massacre risque de raviver une nouvelle fois les tensions dans cette région des Grands Lacs où la situation est particulièrement explosive depuis plusieurs décennies.
Le Burundi sort tout juste d'une guerre civile entre Hutus et Tutsis. Depuis 1993, cette guerre a fait près de 300000 morts. Le président burundais Domitien Ndayizeye accuse l'opposition hostile au processus de paix et " une coalition venant de la République démocratique du Congo (RDC) " (ex-Zaïre), son puissant voisin, de vouloir le déstabiliser. Dans ce dernier pays, dirigé par Kabila, l'armée ne contrôle qu'une partie du territoire, dont les autres parties sont sous l'influence de bandes armées rivales, véritables seigneurs de la guerre sans foi ni loi, terrorisant les populations civiles, multipliant exactions et massacres.
Ces seigneurs de guerre se livrent au pillage des richesses minières du Congo pour le compte des compagnies minières et multinationales européennes, s'enrichissant au passage. D'autres bandes sont assujetties à des États proches comme le Rwanda et l'Ouganda qui profitent du chaos dans la région des Grands Lacs pour piller à leur tour les richesses minières du Congo.
Les conflits ethniques entretenus par ces bandes armées ne font que masquer les appétits prédateurs de leurs maîtres et commanditaires qui vivent, eux, dans le luxe des capitales européennes. Ainsi, en cinq ans, la guerre a fait près de trois millions de morts dans la République démocratique du Congo. Le Rwanda, tout proche, n'est pas en reste. Encore traumatisé par le génocide des Tutsis, orchestré à l'époque par le gouvernement Hutu armé par la France (800000 à un million de morts), le Rwanda accuse le gouvernement congolais de laisser faire les milices des seigneurs de guerre. Sous couvert de " protéger " les populations d'origine Tutsie vivant dans la région, le président rwandais Paul Kagamé menace de faire pénétrer à nouveau son armée au Sud-Kivu, au Congo... et de reprendre le pillage des richesses minières !
Sur place, l'ONU entretient une force d'interposition au Congo démocratique et au Burundi, qui... compte les points entre les bandes rivales ! Hypocrites, les gouvernements occidentaux condamnent tous le " terrible massacre " du Burundi, à l'instar de la France, qui réclame que " ces crimes " ne restent pas " impunis ". Comme si on pouvait oublier que, depuis des décennies, elle a pillé la région, soutenu les dictatures les plus criminelles et armé les milices les plus sanglantes.
Comme bien d'autres régions d'Afrique, la région des Grands Lacs est aujourd'hui une véritable poudrière. Des décennies de pillages, de massacres, perpétrés par les grandes puissances impérialistes et les bandes armées sous leur tutelle directe ou indirecte, ont creusé des fossés de sang entre les peuples, les enfermant dans le piège ethnique. La moindre étincelle fait basculer ces pays dans l'horreur.