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Dans le monde
Irak : La démocratie musclée d’Iyad Allaoui
Un peu plus d'un mois après son intronisation à la tête du «gouvernement souverain» de l'Irak, le premier ministre Iyad Allaoui poursuit sa tentative de prise en main du pays, et il n'y va pas par quatre chemins.
Cet homme, ancien du Baas -le parti de Saddam Hussein- qui est un collaborateur de longue date de la CIA et à qui les autorités d'occupation américaines ont confié le gouvernement irakien, a annoncé samedi 7 août le rétablissement de la peine de mort. En même temps, la nouvelle police irakienne, appuyée par l'armée américaine, tentait d'anéantir les milices de «l'armée du Mahdi» de Moqtada El Sadr. Celles-ci, qui résistent à son pouvoir dans la ville de Nadjaf, auraient eu selon le gouvernement des centaines de morts, ce qu'elles contestent.
En tout cas, le message du gouvernement d'Iyad Allaoui est clair: il veut mettre à la raison toutes les milices et les chefs locaux qui contestent son autorité, et il ne reculera pas devant les moyens. Les photos publiées dimanche 8 août par un journal américain, montrant des membres de la police irakienne se livrant à des tortures sur des prisonniers, y compris sur un adolescent de quatorze ans, le confirment d'ailleurs: la police du nouveau régime est en train de prendre le relais des troupes américaines, avec les mêmes méthodes. La différence est peut-être qu'elle aura les moyens d'éviter à l'avenir que des photos de ses sévices ne fassent le tour de la presse mondiale, comme cela avait été le cas, il y a quelques mois, pour les tortures infligées par l'armée américaine.
Le nouvel «homme fort» irakien réussira-t-il? Si ce n'est pas le cas, il restera toujours aux dirigeants américains la ressource de le mettre au rancart, comme c'est maintenant le cas pour un «homme fort» précédent, Ahmed Chalabi, contre lequel un juge irakien vient de lancer un mandat d'arrêt pour une affaire de fausse monnaie.
Chalabi était pourtant notoirement connu comme un financier véreux, ce qui n'a pas empêché les États-Unis de le mettre en avant pendant des mois et même de s'appuyer sur ses «renseignements» sur la présence de prétendues «armes de destruction massive» en Irak pour déclencher la guerre. Mais c'est aujourd'hui que Chalabi est tombé en disgrâce que l'on découvre des accusations contre lui, voire qu'on l'accuse d'avoir fourni aux États-Unis des «fausses informations» pour les faire entrer en guerre. Que découvrira-t-on dans quelques mois sur Iyad Allaoui, si jamais il s'avère qu'il ne fait pas l'affaire?
En déclenchant la guerre contre l'Irak, en mars 2003, les dirigeants des États-Unis prétendaient agir pour établir dans ce pays la prospérité et la démocratie. Aujourd'hui, en fait de démocratie, ils remettent le pouvoir à un adepte de Saddam Hussein passé dans leur camp, qui tente d'exercer son pouvoir en remettant en place les cadres et les méthodes de l'ancienne dictature. Quant à la prospérité, le peuple irakien, qui survit comme il peut dans un pays dévasté où sévit une totale insécurité et dont personne ne se soucie de remettre en place les infrastructures, risque de l'attendre longtemps.