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- Lutte ouvrière n°1880
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Leur société
Bouygues : Empereur du béton et roi du travail au noir
Sur le chantier des futurs locaux du journal Le Monde à Paris, Bouygues a fait travailler sept travailleurs de Turquie, corvéables à merci pensait-il, sans doute via une entreprise sous-traitante turque, Metal Yapi. Mais ces ouvriers turcs se sont mis en grève à la fin du mois de juin pour réclamer leur dû.
Visiblement, l'utilisation des travailleurs immigrés n'est pas un problème pour Bouygues puisque la Direction Départementale du Travail, de l'Emploi et de la formation (DDTE) des Yvelines a fourni une autorisation en moins de deux jours, alors qu'habituellement, il faut plusieurs mois pour l'obtenir.
Une fois en France, les ouvriers ont vu les promesses s'envoler. Ils n'ont jamais vu leurs feuilles de paie, ni leur contrat de travail. Ils sont logés dans des mobil-homes aux conditions d'hygiène déplorables. Ils ont travaillé six jours sur sept jusqu'à douze heures par jour. Quant au salaire, ils n'ont touché que 300 euros par mois, alors qu'on leur avait promis 1250 à 1450 euros.
À la fin du mois de juin, les ouvriers turcs, soutenus par la CGT, se sont mis en grève pour réclamer la totalité de leur salaire et le paiement des heures supplémentaires. Ils ont saisi l'inspection du travail qui a constaté nombre d'irrégularités. Le patron de Metal Yapi s'est justifié en expliquant qu'il y avait eu une méprise. Les ouvriers n'avaient pas compris que les salaires promis étaient bruts! Quant à Bouygues, il décline toute responsabilité, disant que ce n'est pas de sa faute mais de celle du sous-traitant.
Les ouvriers ont repris le travail le 19 juillet en attendant le résultat des discussions avec le patron.
Depuis plusieurs années, Bouygues et les autres bétonneurs essaient de convaincre qu'ils en ont fini avec les méthodes de négriers: travail au noir, utilisation d'une main-d'oeuvre immigrée surexploitée, etc. Mais la vérité est autre. Tout au plus, les grandes sociétés du bâtiment se cachent-elles derrière des entreprises sous-traitantes, qui ne s'embarrassent pas des lois, des mesures réglementaires ni même des promesses qu'elles ont pu faire. En tant que donneurs d'ordre, les Bouygues et consorts ne peuvent ignorer une réalité qui est de notoriété publique. D'ailleurs, pourquoi ne vont-ils pas s'informer, exiger des garanties de leurs sous-traitants? Tout simplement parce que ça leur profite!