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Leur société
Canicule : Les mêmes causes produiront les mêmes effets
Avec l'été, le drame des 15000 morts de la canicule de l'an dernier est dans tous les esprits.
Il y a tout juste un an, la situation dans les maisons de retraite et dans les hôpitaux commençait à être catastrophique. Partout, on manquait de personnel pour s'occuper des personnes déshydratées. De nombreux services d'urgence dans les hôpitaux étaient débordés. Les brancards s'accumulaient dans les couloirs et les halls faute de place et de lits disponibles. Le personnel urgentiste, déjà en nombre insuffisant en temps dit normal, ne pouvait plus faire face. On a parlé d'une situation équivalente à celle d'une guerre dans laquelle on était contraint de faire des choix entre tel et tel malade.
Dans le même temps, les responsables de la santé publique consacraient leur énergie à minimiser l'ampleur du drame quand il ne s'agissait pas, purement et simplement, de le nier. Le ministre de la Santé de l'époque, François Mattei, s'était contenté d'une conférence de presse se voulant rassurante, alors que les morts se comptaient déjà par milliers.
Aujourd'hui, tous les services de l'État, de l'Institut de veille sanitaire à la Direction générale de la santé, des cabinets ministériels à l'Élysée en passant par Matignon, tous affirment avoir tiré les leçons du passé et se disent prêts à affronter une situation similaire. Mais, à y regarder de plus près, il s'agit, au mieux, d'un cache-misère.
Le plan canicule 2004 sera peut-être efficace quant à la communication entre les différents services de l'État; l'information en direction du public sera sans doute plus efficace. Mais cela ne règle pas le fond du problème.
Lors de sa conférence de presse du jeudi 29 juillet, le médecin urgentiste Patrick Pelloux affirmait que «les hôpitaux ne pourraient faire face à une nouvelle canicule» et signalait que la situation réelle dans les hôpitaux était similaire à celle de l'an dernier. Le nombre de lits fermés, entre 20 et 30%, est identique à celui de 2003. Il n'y a pas eu les créations d'emplois indispensables, or, comme le dit Pelloux, «ce qui manque le plus, c'est le personnel».
D'autres témoignent que la situation aux urgences est dès maintenant insupportable. Au CHU de Rouen, «les patients qui arrivent aux Urgences ne trouvent pas de place avant l'après-midi du lendemain»; à Rennes, «les patients passent 48 heures aux Urgences et il n'y a pas de lits disponibles»; à Langon (Gironde), «les Urgences sont saturées», etc.
Face à cette situation, le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy se contente, par médias interposés, de faire la morale à la population et de distiller des conseils pour éviter la déshydratation. Comme s'il ne savait pas que l'immense majorité des victimes étaient des personnes fragilisées par la maladie et par l'âge. Des vieillards à qui il ne suffit pas de prodiguer des conseils mais auprès desquels il faut un personnel nombreux pour les faire boire fréquemment et pour humidifier régulièrement leur visage, leur cou, leurs bras et leurs jambes. Faute de ces moyens que l'État refuse de mettre en place, une situation caniculaire entraînera les mêmes conséquences que l'an dernier.