Affaire Marchiani - Le charme discret (et coûteux) : Des sommets de l’État05/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1879.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Marchiani - Le charme discret (et coûteux) : Des sommets de l’État

Mis en examen dans trois affaires de commission, Jean-Charles Marchiani, ancien préfet du Var et bras droit de Charles Pasqua, a été incarcéré dans le quartier réservé aux personnalités de la prison de la Santé.

Il vient de perdre son immunité parlementaire de député européen. N'étant pas réélu, le juge Courroye, qui avait tenté à plusieurs reprises de faire lever cette immunité, a pu enfin l'inculper et le faire incarcérer.

Il est soupçonné d'avoir touché un pot-de-vin de la part d'un homme d'affaires, Iskandar Safa, qui était intervenu lors de la libération des otages français au Liban.

Ensuite, il y a eu l'attribution d'un marché public à la société Aéroport de Paris (ADP), l'installation d'un système de stockage et de tri de bagages à Roissy. La commission perçue par Marchiani frisait 1,5 million d'euros, somme partagée avec un frère et un cousin de Pasqua.

Il y a eu également le contrat conclu entre une société allemande et le ministère de la Défense pour équiper des chars Leclerc, pour lequel Marchiani aurait touché 1,23 million d'euros.

Il a été également mouillé dans l'affaire du trafic d'armes avec l'Angola et dans une affaire de commissions versées par Elf en marge de contrats au Nigeria (d'un montant de 5 millions de dollars).

L'ex-préfet et ex-député a protesté, invoquant des «missions confidentielles», prétendant qu'il avait toujours «respecté la loi et la morale».

En fait de «loi» et de «morale», il s'agit-là des basses oeuvres de la vie politique et économique en régime capitaliste. Les commissions servent à assurer des marchés, à soutenir financièrement les partis de gouvernement. Elles sont en tout cas inhérentes au fonctionnement du système.

Dans le cas de Marchiani, il y a sûrement des règlements de comptes politiques, ici entre factions gaullistes. Pasqua et Marchiani avaient suivi Balladur contre Chirac à la présidentielle de 1995, ce que Chirac ne leur a, peut-être, pas pardonné. Une dizaine de proches de Pasqua étant actuellement poursuivis par la justice, celui-ci a écrit à Chirac une lettre pour rappeler entre les lignes qu'il en sait long sur les zones d'ombre du parti gaulliste.

En attendant, cette énième affaire de corruption dans les hautes sphères de l'État montre combien il serait nécessaire de lever le secret commercial et bancaire, non seulement pour en finir avec la corruption des sommets de l'État et de l'économie, mais aussi pour mettre fin à une coûteuse gabegie, qui se nourrit de l'argent de la collectivité.

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