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La marée noire de l'Erika : Les marins-pêcheurs accusés d'en avoir profité
La Commission de Bruxelles vient de décider que les sommes déboursées par l'État français pour aider les marins-pêcheurs victimes de la marée noire, suite au naufrage de l'Erika en décembre 1999, n'étaient pas justifiées. S'appuyant sur les chiffres de la vente du poisson, la Commission estime que les marins-pêcheurs, contrairement aux producteurs de coquillages directement touchés par la marée noire, n'ont pas subi de préjudice et que les aides de l'État français (principalement sous forme d'allégements de charges sociales) constituent en fait une mesure protectionniste, visant à soutenir les marins-pêcheurs français face à leurs concurrents européens. Par conséquent, elle demande que les pêcheurs français remboursent les aides reçues.
Il est possible et même vraisemblable que les gros armateurs, qui envoient leurs bateaux-usines pêcher en haute mer, loin des côtes atlantiques polluées par l'Erika, n'aient pas eu à souffrir d'un manque à gagner. Mais rien ne dit que ce soit le cas du petit patron-pêcheur qui, limité par la taille de son bateau, pratique plutôt la pêche côtière. Pourtant, ils sont accusés d'avoir soi-disant profité indûment de la marée noire, alors que, dans le même temps, les groupes pétroliers qui font des bénéfices records continuent à jouir de l'impunité et ne sont pas obligés de réparer les dégâts qu'ils commettent. Comme TotalFinaElf qui, pour faire des économies, avait affrété un bateau-poubelle en toute connaissance de cause.
Bien sûr, les compagnies pétrolières alimentent le fonds d'indemnisation pour les pollutions par hydrocarbures (le FIPOL). Mais les remboursements sont limités à 183 millions d'euros, quelle que soit l'ampleur des dégâts. Or, pour l'Erika, ils ont été estimés à plus de 457 millions d'euros! L'État français avait alors pris en charge une partie des frais de nettoyage des côtes et a accordé des aides aux pêcheurs et producteurs de coquillages.
Il était choquant de voir l'État français mettre la main au porte-monnaie, c'est-à-dire en puisant dans l'argent public, pour indemniser les victimes, tandis que, afin de ne pas léser les intérêts de la compagnie pétrolière, il n'avait pas présenté la facture à TotalFinaElf. Il est tout aussi choquant de demander aux marins-pêcheurs de rembourser ces aides, tandis que TotalFinaElf continue de s'en laver les mains.